Avec Jeb Brovsky, Hassoun Camara est le joueur de champ montréalais le plus utilisé par Marco Schällibaum en 2013. Polyvalent et auteur de quelques buts ayant accédé au statut de chefs-d'oeuvre, le Français ne perd jamais une occasion de rappeler son bien-être à Montréal. Il a cependant connu son lot de hauts et de bas pour en arriver là.

Des débuts amateurs

Hassoun Camara n'a pas fréquenté le centre de formation d'une équipe professionnelle. Le natif de Noisy-le-Sec, en banlieue parisienne, a même attendu l'âge de 11 ans avant de rejoindre les structures d'un club. Ce parcours, bien différent de la plupart des joueurs, lui a permis de vivre une enfance puis une adolescence normales, réparties entre le soccer - au sein du Noisy-le-Sec Olympique Banlieue 93 - et les études. Après son diplôme d'études secondaires, il a également étudié en immobilier. «C'était bien, même si c'était un peu délicat. Tu vois tes amis qui peuvent s'amuser alors que moi, après l'école, à 18h, je devais aller au petit terrain sans passer chez moi, raconte-t-il. Mais c'était un plaisir, et je n'avais pas l'impression de sacrifier ma vie.»

Un certain soir de janvier 2006

Un match est souvent cité comme le déclencheur de sa carrière: un 32e de finale de Coupe de France opposant Noisy-le-Sec (quatrième division) à Auxerre (alors en Ligue 1), en janvier 2006. La vérité est toutefois un peu différente, précise-t-il. «Cela a pu déclencher les contacts avec les clubs professionnels, même si je savais qu'ils me suivaient sur l'ensemble de la saison. J'ai été en contact avancé avec le stade Rennais, mais ils me proposaient un contrat de deux ans dans un poste de formation. J'ai attendu, puis l'Olympique de Marseille est venu me chercher, même si j'intéressais également les Glasgow Rangers.»

Un autre monde

Très attaché à sa ville et à son club de Noisy-le-Sec («J'y ai appris de grands traits de valeurs»), Camara a donc réussi le pari peu banal de devenir professionnel à l'âge de 22 ans. Il est surtout passé d'un club qui venait de descendre en cinquième division (C.F.A. 2) à celui qui, avant le PSG version Qatar, polarisait l'opinion publique française. «C'est une expérience enrichissante, mais aussi difficile. C'est un club à part avec énormément de pression au quotidien, sur le terrain et à l'extérieur. Quand j'allais sur la rue Saint-Ferréol [une artère piétonne commerçante], je me faisais repérer très vite par les supporteurs. Quand on perdait le samedi, la ville était en dépression le dimanche. Il fallait vivre avec ça.»

Quelques mois de galère

Après un an et demi à l'OM, au cours duquel il n'a été titularisé qu'une seule fois, Camara a demandé à être transféré au Sporting Bastia. La fin de son aventure corse, en janvier 2010, a ensuite entraîné une période d'une année sans compétition. «Un peu naïvement, j'ai voulu résilier mon contrat à Bastia pour aller à Dubaï, où j'avais une opportunité avec l'entraîneur Laurent Banide. Entre- temps, il s'est fait congédier et après un mois et demi avec le club, je suis rentré en France.» Camara s'est alors entraîné à Noisy-le-Sec, puis il n'a pas donné suite aux pistes grecque et chypriote. Mais grâce à un agent en commun avec Sabri Lamouchi, aujourd'hui sélectionneur de la Côte d'Ivoire, la porte montréalaise s'est entrouverte.

Comme à la maison

Camara a souvent répété qu'il se sentait bien à Montréal et au sein de l'Impact. L'un des rares joueurs du club à avoir connu la NASL, il a privilégié le statu quo, l'hiver dernier, plutôt que de poursuivre sa carrière en deuxième division anglaise, d'où émanaient quelques offres. «Arrivé à un certain âge, il faut regarder le projet de vie. Si c'est pour partir six mois ou un an sans savoir ce qu'il y a derrière...», dit-il sans finir sa phrase.

«Il faut peser le pour et le contre même si, des fois, je me dis que j'aimerais bien prouver ce que je pourrais faire en Europe. Mais je m'épanouis ici et je n'ai qu'une envie: redonner la confiance que l'on me prête. J'espère rester ici le plus longtemps possible.» En début d'année, l'arrière droit a même lancé les démarches pour devenir résident permanent.

La polyvalence, un vrai «faux problème»

Dans sa jeunesse, Camara a goûté à un peu tous les postes: meneur de jeu, milieu de terrain extérieur et même libéro. À Marseille, il était essentiellement considéré comme un arrière droit qui pouvait dépanner en charnière centrale. Mais lors de son arrivée avec l'Impact, le personnel d'entraîneurs l'a rapidement considéré comme un milieu défensif. Au gré des blessures, puis avec la constitution du duo Matteo Ferrari-Alessandro Nesta, il a dû retourner sur ce flanc droit.

«Pour le moment, cela peut être le bon compromis, car cela me permet de bien défendre et de me projeter vers l'avant aussi, croit-il. À partir du moment où je m'inscris dans un projet de club, cela ne me gêne plus trop de bouger. Dans un autre contexte, j'aurais peut-être eu d'autres revendications, mais dans un projet à long terme, on cherche surtout à rendre service.»