De loin, les Red Bulls de New York, adversaires de l'Impact cet après-midi, semblent avoir tous les ingrédients pour réussir. Au milieu d'un terrain de jeu de plus de 20 millions d'habitants, ils évoluent dans le plus beau stade de la MLS avec quelques-unes des plus grandes vedettes de la Ligue. Mais le marché new-yorkais est également imprégné de cette sensation de saturation au niveau du divertissement sportif. C'est d'ailleurs afin d'accroître l'attractivité des Red Bulls dans le paysage local, continental et même international que l'entreprise en a bouleversé l'organigramme, à l'automne dernier.

L'un de ces changements a été la nomination de Jérôme de Bontin à titre de directeur général. Celui qui dirigeait ses sociétés d'investissements à Chicago est loin d'être un novice dans le monde du ballon rond. Il a notamment siégé au conseil d'administration de la Fondation de la Fédération américaine, aux balbutiements de la MLS, puis occupé le poste de président de l'AS Monaco. Cette fois, sa mission est claire et précise: «donner aux Red Bulls la dimension d'un club comme le Real Madrid ou Manchester United», résume-t-il en entrevue téléphonique avec La Presse.

La tâche semble colossale tant le soccer est à mille lieues du baseball ou du football dans les esprits et dans l'espace médiatique. Avec une moyenne de 18 281 spectateurs, soit une occupation de 73%, les Red Bulls ont occupé le neuvième rang dans la MLS, en 2012. Le club a vendu près de 8000 abonnements de saison et espère maintenant atteindre la barre des 8500. De Bontin rappelle que les autres équipes de la Grosse Pomme ont parfois du mal à remplir leurs enceintes.

«Quand on regarde les chiffres des Jets (NFL), des Mets (baseball) et même des Nets (NBA), ils n'ont pas beaucoup de salles combles. C'est vrai que les Giants (NFL) et les Yankees (baseball) sont plus populaires, mais ils aussi besoin de faire de gros efforts pour vendre leurs places. Au Red Bull Arena, on a une moyenne de 18 000 spectateurs dans un stade de 25 000 places et, si on fait bien notre travail, on arrivera à le remplir.»

Comment? En se rapprochant d'une communauté que le club a peut-être négligée au fil des années. Dès sa nomination, De Bontin a enchaîné les rencontres avec les différents acteurs du soccer à New York ou au New Jersey. Il a aussi invité au match d'ouverture, contre DC United, d'anciens joueurs de niveau collégial qui ont coupé les ponts avec le soccer au passage à la vie active.

«Est-ce que le soccer n'est pas le sport principal (à New York) parce que cet effort de rapprochement n'a pas été fait ou parce que l'intérêt n'est pas là? Je crois, au contraire, que l'intérêt est là puisque New York et le New Jersey ont toujours été un berceau du soccer aux États-Unis avec une multitude de clubs amateurs», croit-il. Du même souffle, il ajoute que l'accent doit aussi être mis sur les nombreuses personnes qui suivent les championnats européens, mais qui ont un «regard irrespectueux envers la MLS.»

Une expansion viable?

Le commissaire de la MLS, Don Garber a clairement indiqué qu'il souhaitait l'implantation d'une 20e équipe, à Flushing Meadows. Même si le domicile des Red Bulls est situé à Harrison, au New Jersey, la question est maintenant de savoir si le marché new-yorkais serait en mesure d'absorber deux équipes. De Bontin n'est pas contre l'idée de posséder un proche rival, mais juge que cette arrivée serait un peu précoce.

«S'il y a deux, trois ou quatre nouveaux clubs professionnels autour de New York, cela sera la preuve que le sport est devenu plus populaire. Cela ne serait pas juste de m'y opposer. Mais à savoir si New York peut accueillir une deuxième équipe dès demain, je dirais que c'est un peu prématuré. Les Red Bulls n'ont pas atteint un stade de maturité qui permette de dire, avec certitude, que les autres équipes rempliront leur stade.»