Marc Dos Santos a de l'ambition. Pour quiconque l'a déjà rencontré, il suffit souvent d'une seule conversation avec l'entraîneur québécois pour en sentir toute la détermination. Ceux qui le connaissent davantage savent que Dos Santos rêve de diriger un jour un club de renommée, que ce soit en Amérique du Sud ou en Europe.

Après un passage remarqué à la tête de l'Impact de Montréal de 2009 à 2011, Dos Santos a pris la direction du Brésil, où il est en train de se forger une réputation en tant que spécialiste des équipes Cendrillon.

Toutefois, il est peut-être encore tôt pour parler de véritable conte de fées. Ce ne sont pas les embûches qui manquent au parcours de Dos Santos - qui affiche une certaine propension à carburer aux défis -, mais l'histoire risque de connaître encore bien des rebondissements avant d'en arriver à un dénouement digne des frères Grimm.

Qu'à cela ne tienne, Dos Santos revient de loin. Car avant d'attirer l'attention des médias paulistes grâce à une série de résultats étonnants, il faut se rappeler que son aventure au Brésil a débuté au modeste Primeira Camisa FC. C'est dans ce club peu connu de la banlieue de São Paulo que Dos Santos a accepté de relancer sa carrière après son départ de Montréal alors que l'Impact s'apprêtait à faire son entrée en MLS.

Un étranger au Brésil

Devant un café, Dos Santos prend le temps de m'expliquer les obstacles auxquels il doit faire face chaque jour depuis qu'il est débarqué au pays du futebol: «Pour un étranger, quelqu'un qui n'a jamais joué à un haut niveau de surcroît, ce n'est pas évident de faire sa place ici. Encore moins de gagner. Les Brésiliens sont très nationalistes.»

À la barre d'une équipe négligée au Primeira Camisa, Dos Santos a causé la surprise l'an dernier en atteignant pour la première fois de son histoire les huitièmes de finale de la Copa São Paulo. La Copinha, qui en est à sa 44e présentation cette année, est la compétition phare du Brésil au niveau junior. Plus d'une centaine de clubs du pays y participent.

En dépit des préjugés qu'on entretient à l'égard d'un entraîneur étranger, les bons résultats ne passent pas inaperçus. Dos Santos répond aux attentes et il passe rapidement de Primeira Camisa au SE Palmeiras, un club de premier plan de la métropole brésilienne. Encore une fois, la trajectoire victorieuse du coach québécois se poursuit. En juillet, Dos Santos mène les U-15 de Palmeiras à une Copa Brasil en vertu d'une victoire en finale contre Vasco, club de Rio de Janeiro.

Desportivo Brasil

Après ce titre, les opportunités commencent à se multiplier pour l'émule d'André Villas-Boas. Dos Santos entreprend alors un nouveau défi avec le Desportivo Brasil, un club appartenant à l'académie - et agence de joueurs - Traffic Sports.

Au Desportivo, Dos Santos travaille avec des espoirs de premier plan dont certains sont sur le point d'atteindre les rangs professionnels. Deux de ses protégés ont déjà été remarqués par Manchester United et pourraient se joindre à l'équipe anglaise dès l'an prochain. De concert avec ses patrons, le «Professor» Dos Santos - c'est ainsi qu'on nomme l'entraîneur dans les pays lusophones - estime que plusieurs autres joueurs pourraient trouver preneur après la Copa São Paulo de cette année.

Grâce à sa victoire in extremis lors du dernier match de la phase de groupe, le Desportivo Brasil a désormais rendez-vous en 16es de finale avec Palmeiras, l'ex-employeur de Dos Santos. Le match, qui a lieu ce soir à l'Arena Barueri, sera télédiffusé à l'échelle nationale.

La rencontre promet d'être chargée d'émotions. D'ailleurs, la présence de quelques milliers de partisans de la Mancha Verde - le groupe ultra de Palmeiras - ne devrait pas nuire à l'ambiance dans les tribunes. Mais peu importe le résultat de cette rencontre, l'avenir de Dos Santos semble plein de potentiel. En dépit des réticences initiales à l'égard du Canado-Portugais, ils sont chaque jour plus nombreux, les Brésiliens qui le salueront en disant: «Monsieur le Professor, on ne vous oubliera jamais.»