Semaine après semaine, Lionel Messi met un peu plus son empreinte sur la grande histoire du ballon rond. Dimanche, contre le Betis Séville, l'Argentin a inscrit ses 85e et 86e buts de l'année 2012 grâce à deux belles frappes croisées, en première mi-temps. L'attaquant du FC Barcelone a du même coup éclipsé le record que l'Allemand Gerd Müller avait établi il y a 40 ans.

Ce chiffre - qui semblait inaccessible dans un soccer moderne plus fermé que jamais -, Messi l'a atteint à coups de performances exceptionnelles. Avec lui, la normalité a pris des allures de doublés ou de triplés, de slaloms dans les défenses adverses et de gestes techniques que l'on croirait tout droit sortis de jeux vidéo. C'est d'ailleurs en utilisant ce mélange détonnant qu'il a inscrit cinq buts en 59 minutes, contre le Bayer Leverkusen, le printemps dernier. En moyenne, en 2012, il a inscrit un but toutes les 63 minutes de jeu.

«Sa plus grande qualité est sa constance, explique d'ailleurs Patrice Bernier, milieu de terrain de l'Impact et partisan du Barça. Tout le monde se dit qu'il va arrêter de marquer à un moment donné ou que les adversaires vont trouver un système pour le cadenasser. Mais il n'arrête pas. Il allie la créativité argentine à la rigueur européenne.»

Grâce à ses performances et à ses statistiques de rêve, Messi partage, depuis quelque temps déjà, la table des génies qui ont illuminé les 100 dernières années en soccer. Malgré son jeune âge, le joueur de 25 ans a déjà disputé près de huit saisons au plus haut niveau et remporté quelques-uns des trophées individuels et collectifs les plus prestigieux. Mais, sur le terrain, son moment déterminant est survenu en 2009-2010, lorsqu'il a demandé à délaisser son aile droite pour jouer au centre. Messi le magnifique est alors devenu Messi le poison, contre qui aucun antidote n'a pu être fabriqué. Une multitude de livres, d'articles ou de vidéos ont bien décortiqué le phénomène, mais cette théorie anti-Messi n'a jamais été mise en pratique là où ça comptait.

«En le replaçant en faux numéro 9, il est devenu intouchable. On ne sait plus quel joueur doit le prendre. Si le défenseur sort de sa zone, cela crée une brèche pour les autres attaquants. Et si le milieu adverse s'en occupe, cela donne plus d'espace aux Xavi ou Andres Iniesta», explique Patrice Bernier.

Son premier but, dimanche, est d'ailleurs un bon exemple de ce jeu entre les lignes. Positionné entre la défense et le milieu de terrain andalou, Messi a contrôlé le ballon avant de filer côté gauche et de conclure avec une frappe croisée. Le tout avec une conduite de balle si caractéristique qui avait, d'ailleurs, fait l'objet d'une discussion entre Bernier et Alessandro Nesta. Ce dernier, sous les couleurs de l'AC Milan, a déjà affronté l'Argentin en Ligue des champions.

«Nesta me disait qu'habituellement, il est possible pour un défenseur d'anticiper le prochain contrôle d'un adversaire afin de mettre le pied ou l'épaule. Sauf que les touchers de balle de Messi sont tellement rapprochés que si tu mets ton pied, tu fais une faute ou, alors, il a déjà effectué une passe. Dans la surface, les défenseurs n'osent même plus s'interposer», précise Bernier.

L'humilité de Messi

Pendant que la planète soccer était en admiration devant ce record, Messi n'a pas dérogé à son humilité légendaire. Celui qui a craint d'être gravement blessé, mercredi, a immédiatement mis de l'avant la victoire du Barça (2-1) plutôt que son accomplissement. Une manière aussi de se tourner immédiatement vers les prochains rendez-vous, qui seront autant d'occasions de polir un peu plus sa légende.

Il lui reste notamment trois matchs pour améliorer l'ancien record de Muller. Sans oublier qu'avec 21 buts en 23 matchs de championnat, il est largement en avance sur sa feuille de route de la saison 2011-2012, qu'il avait conclue avec 50 réalisations. Avec de tels chiffres, il est difficile d'imaginer que le Ballon d'or, qui récompense le meilleur joueur de l'année, atterrira dans d'autres mains le 7 janvier. Puisque ce serait son quatrième, Messi s'emparerait là d'un autre record. Et dire qu'il n'a que 25 ans...

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DES SPORTS ET DES RECORDS

Wilt Chamberlain: Le 2 mars 1962, le pivot des Warriors de Philadelphie inscrit 100 des 169 points de son équipe lors d'une victoire contre les Knicks de New York. Il a aussi capté 25 rebonds. Lors de la saison 1962-1963, il a inscrit 50,4 points par match en moyenne.

Wayne Gretzky: La Merveille a établi une marque pour l'éternité en inscrivant 92 buts lors de la saison 1981-1982. Il a, par contre, connu sa meilleure année statistique en 1985-1986 grâce à une récolte de 215 points en 80 matchs.



Rickey Henderson: Lors de sa quatrième saison dans le baseball majeur, le voltigeur est parvenu à voler 130 buts sous les couleurs des A's d'Oakland. Il a atteint le plateau des 100 larcins à trois reprises dans sa carrière pour un total de 1406 en 25 ans. Henderson a fait son entrée à Cooperstown en 2009.



Tom Brady: Si la saison 2007 s'est conclue par une cruelle défaite face aux Giants de New York, Brady a tout de même éclipsé quelques records, dont celui du nombre de passes de touché. Le 29 décembre 2006, il a lancé sa 50e de la saison, battant ainsi la marque de Peyton Manning.