Le Championnat d'Europe 2020 qui se jouera dans plusieurs pays sera «la fête d'un continent», a estimé vendredi Michel Platini, le président de l'UEFA, pour qui, l'Europe «voit plus grand, plus solidaire» avec ce concept.

Au lendemain du feu vert donné par le comité exécutif à un Euro non pas dans un pays, mais éparpillé dans plusieurs villes d'Europe en 2020, l'ancien capitaine de l'équipe de France est revenue sur «cette belle idée, un peu folle» qu'il avait avancée en fin juin pour fêter les 60 ans de l'Europe du soccer et à laquelle 52 des 53 fédérations membres ont dit oui.

Oui à l'idée seulement, car tout reste encore à définir. «Nous ne sommes jamais rentrés dans les détails, jamais dans le nombre de villes. Aujourd'hui la page est blanche», a souligné l'ancien capitaine de l'équipe de France, lors d'une rencontre avec les agences de presse à Nyon, en Suisse.

Maintenant, le comité exécutif attend des propositions sur le format de sa commission des compétitions. Parmi les questions sur la table, «il y a des décisions qui doivent être politiques et des décisions qui doivent être géographiques», a souligné le triple Ballon d'Or.

«La fête d'un continent»

Ainsi, «il ne sera jamais question qu'un supporteur anglais par exemple, voit son équipe jouer un match au Pays de Galles, un match à Lisbonne et un match au Kazakhstan, cela n'est pas possible», a insisté Michel Platini. «Tout sera fait pour que les fans aient des facilités de déplacement. Avant, c'étaient les fans qui allaient voir l'Euro, là c'est l'Euro qui va voir les fans».

Lui-même serait «plutôt partisan de faire jouer demi-finales et finale dans la même ville». Si Bruxelles a fait savoir dès vendredi qu'elle comptait être de la partie, les villes ne pourront déposer leurs candidatures qu'après approbation du format du tournoi par le comité exécutif, au mieux le 25 janvier, plus probablement le 28 mars. Le choix des villes retenues est prévu au printemps 2014.

«Ce ne sera pas la fête d'un pays, ce sera la fête d'un continent. On voit plus grand, on voit aussi plus solidaire», a jugé le Français. «Peut-être qu'après on reviendra au système ancien, ou pas. Mais la décision est prise pour un seul Euro».

Une idée de Kadhafi

Si le secrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke, a estimé la semaine passée, à titre personnel, qu'un tel concept «détruit l'esprit de la compétition», l'ancien numéro 10 a rétorqué qu'il avait reçu «les félicitations du président de la Fifa» Sepp Blatter. Et que «la FIFA tolère qu'à la Copa America, donc en Amérique du Sud, le Japon et le Mexique jouent. Je pense que cela dénature plus les choses là-bas.»

Sepp Blatter «m'a dit que c'était une idée formidable. Il m'a dit aussi: il y en a un qui voulait faire cela en Afrique, il y a quelques années, c'est Kadhafi», a raconté Michel Platini, en prévenant, avec un petite moue, «ne vous méprenez pas!». Car l'ancien dictateur libyen avait bien proposé que la Coupe d'Afrique des nations soit organisée dans plusieurs pays.

Le patron de l'UEFA a pointé le fait que «des pays qui n'ont jamais eu la chance d'accueillir l'Euro pourront participer à cette fête» et qu'un stade pourrait être construit, ce qui aiderait le développement de certaines fédérations.

Et d'ajouter: «La situation actuelle est un peu compliquée en Europe, alors difficile de demander à un pays d'investir massivement pour dix stades, comme on a pu le faire en Pologne et en Ukraine, d'investir sur les routes, les aéroports. Ou sinon, revenir systématiquement dans les quelques pays qui l'ont déjà eu».

L'UEFA compte bien réfléchir sur l'héritage que pourrait laisser ce tournoi. «Cela passera certainement par des actions avec le parlement européen, le conseil de l'Europe, ou la commission européenne: comment installer le football davantage dans la société à travers cet Euro», selon Michel Platini.