Avec deux autres buts et une passe décisive, le week-end dernier contre Tottenham, l'Espagnol Juan Mata est plus que jamais l'un des acteurs principaux de l'excellent début de saison de Chelsea. À quelques kilomètres de Stamford Bridge, Santi Cazorla s'est facilement adapté aux spécificités du soccer anglais. Positionné un cran plus haut que son compatriote Mikel Arteta, le nouveau meneur de jeu d'Arsenal est l'un des joueurs les plus redoutables dans la dernière passe. Finalement, Michu, de Swansea City, trône au sommet du classement des buteurs avec six réalisations en huit rencontres.

Le point commun entre Mata, Cazorla et Michu? Voilà trois joueurs espagnols qui ont quitté la Liga au cours des deux dernières années dans un flux migratoire toujours plus important. Ils sont aujourd'hui une quarantaine à évoluer au sein des deux premiers échelons anglais. Huit clubs de Premier League comptent au moins un Espagnol en leurs rangs avec Wigan, et son entraîneur catalan, Roberto Martinez, abritant la plus forte colonie (cinq).

Si, en 1943, Emilio Aldecoa a fait figure de pionnier avec Wolverhampton, c'est en raison de son départ durant la guerre civile espagnole, six ans plus tôt. Aujourd'hui, ses héritiers suivent ses traces pour deux autres grands facteurs: le défi sportif et une plus grande stabilité financière.

Depuis plusieurs années, la Premier League et la Liga se livrent une lutte intense pour obtenir, aux yeux du public notamment, le titre de meilleur championnat de la planète. Les moyens sont cependant bien différents. Alors que l'Angleterre a couronné trois champions différents depuis 2009-2010, l'Espagne est devenue un monstre à deux têtes. Derrière le FC Barcelone et le Real Madrid se déroule un championnat parallèle où, sportivement autant que médiatiquement, il est difficile pour un joueur de se mettre en valeur.

Puisque les places sont chères au sein de ces deux clubs, la seule solution pour franchir une nouvelle étape demeure l'exil. David Silva, au Valence CF pendant six ans, n'avait pas l'obtenu l'accord de Jose Mourinho pour rejoindre le Real Madrid, en 2010, et avait plutôt pris le chemin de Manchester City. D'autres comme Javi Garcia, Arteta ou Mata ne sont pas imposés avec l'équipe première du Barça et du Real malgré des passages dans leurs centres de formation.

Il existe bien évidemment des exceptions avec des joueurs espagnols qui ont rejoint des clubs anglais avant même la conclusion de leur développement. Cesc Fabregas et Daniel Pacheco, en rejoignant respectivement Arsenal et Liverpool, sont deux bons exemples.

Problèmes financiers

L'endettement des clubs espagnols a atteint le chiffre mirobolant de 4,5 milliards au cours de la dernière année. Entre les redressements judiciaires et un durcissement de la position du gouvernement, les clubs professionnels - sauf le Barça et le Real - sont ainsi obligés de restreindre leur train de vie. Accompagné d'un recrutement minceur, le départ des meilleurs joueurs est devenu nécessaire. Malgré ses 15 buts sous le maillot du Rayo Vallecano l'an dernier, le milieu offensif Michu, 26 ans, a ainsi été bradé 2,5 millions. «C'est une période très difficile pour les clubs espagnols, en général, et cette signature le montre bien», a expliqué l'entraîneur de Swamsea, Michael Laudrup, tout sourire.

À Malaga, Cazorla a également été vendu à perte après seulement une saison sous le soleil de l'Andalousie. Même si le mauvais propriétaire qatari est en cause, il est parlant de voir qu'aucun club de Liga ne pouvait signer un chèque de 15 millions pour le recruter.

La situation fait donc le délice de certains clubs britanniques possédant des ramifications espagnoles. Après la France, voilà un autre marché européen dans lequel ils peuvent puiser sans se ruiner...