L'histoire de la sélection canadienne au cours des 25 dernières années est jalonnée de matchs décisifs, un témoignage de sa propension à se placer au pied du mur. C'est encore le cas, cet après-midi au Honduras (16h), où un verdict nul lui permettrait d'obtenir son billet pour le dernier tour des qualifications du Mondial 2014.

Après cinq matchs, le Canada est deuxième du groupe C avec deux points d'avance sur son adversaire du jour. Son destin est bel et bien entre ses mains, mais la tâche demeure colossale dans cette partie de la confédération qui a rarement mené à une explosion de joie canadienne.

À peine arrivé à San Pedro Sula, le sélectionneur canadien Stephen Hart a néanmoins annoncé ses couleurs. «La chose la plus dangereuse à dire à une équipe est qu'elle a besoin d'un match nul. C'est très dangereux.» Traduction: pas question d'adopter une position ultra-prudente et de défendre pendant 90 minutes dans l'atmosphère bouillante de l'Estadio Olimpico Metropolitano. Près de 40 000 spectateurs sont attendus dans cette enceinte dont le terrain est entouré de grillages et de barbelés.

Il y a quatre ans presque jour pour jour, la route des Rouges vers le Mondial avait pris un mauvais tournant dans ce même stade avec un revers de 3-1. André Hainault s'en souvient encore. Parce qu'il a inscrit son premier but avec la sélection, mais aussi parce qu'il y a trouvé «l'ambiance la plus hostile dans laquelle il a joué».

«Je me souviens qu'en entrant sur la pelouse, on se trouve dans une sorte de tunnel clôturé avec des spectateurs qui étaient accrochés tout autour. Je ne dirai pas qu'ils nous crachaient dessus, mais ce n'était pas loin», s'est remémoré le défenseur du Dynamo de Houston.

De son côté, Julian de Guzman a admis s'attendre à vivre un «enfer» et qu'il s'agissait «pour la plupart d'entre nous du match le plus important de nos carrières».

De nombreux absents

Les deux pays vont s'affronter sans quelques-unes de leurs meilleures armes. Côté hondurien, le gardien Noel Valladares ainsi que les milieux Roger Espinoza et Wilson Palacios ont déjà manqué le précédent rendez-vous, au Panama (0-0). Les deux premiers sont blessés à une cheville alors que le troisième n'a pas été retenu à cause d'un «manque de rythme», selon le sélectionneur Luis Fernando Suarez.

Déjà privé de Josh Simpson et de Dwayne De Rosario, blessés, le secteur offensif canadien s'est dégarni encore davantage à la suite de l'expulsion d'Olivier Occéan, vendredi soir. En l'absence du buteur québécois, Hart a appelé Lucas Cavallini, qui évolue en première division uruguayenne. Il serait toutefois très étonnant que le joueur de 19 ans entame le match dans un tel contexte. Comme au Panama, à la suite de la blessure de De Rosario, Hart devrait privilégier le replacement dans l'axe de Simeon Jackson ou, plus probablement, de Tosaint Ricketts.

Des chances pour la Coupe du monde?

À l'heure actuelle, seul le Mexique est classé pour le dernier tour des qualifications de la zone CONCACAF. Le Costa Rica, le Panama et les États-Unis sont également dans des positions très enviables. En cas de dénouement positif, cet après-midi, voilà quatre des cinq adversaires que les Canadiens croiseraient à partir du mois de mars 2013.

Au terme d'un mini-championnat de six matchs, les trois premiers se qualifieront directement pour le Brésil alors que le quatrième disputera des barrages contre le champion de la zone Océanie. Le rêve sera alors permis même si, dans l'immédiat, l'obstacle hondurien reste d'envergure.