La Fédération anglaise (FA) s'apprête à déjouer les pronostics en nommant, selon toutes probabilités, Roy Hodgson sélectionneur de l'équipe d'Angleterre et non Harry Redknapp, qui était le grand favori depuis la fracassante démission de Fabio Capello en février.

Les patrons du soccer anglais ont annoncé dimanche qu'ils allaient engager des discussions avec l'actuel entraîneur de West Bromwich, et seulement avec lui, ce qui laisse entrevoir une nomination imminente, alors que l'Euro 2012 (8 juin-1er juillet) commence dans six semaines en Ukraine et en Pologne.

Hodgson, 64 ans, n'a pour le moment fait aucune déclaration, mais son concurrent Harry Redknapp a reconnu implicitement sa défaite lundi matin.

«Il n'y a pas de problème. Si Roy a le poste, je lui souhaite bonne chance. C'est quelqu'un de bien», a déclaré l'entraîneur de Tottenham, interrogé au volant de sa voiture par la chaîne SkySports.

Après le départ de Capello début février, en désaccord avec la décision de la FA de priver John Terry du brassard de capitaine pour une affaire de racisme, le manager des «Spurs» semblait assuré d'obtenir son bâton de maréchal, à l'âge de 65 ans.

Très populaire dans le milieu du soccer, il pouvait alors se prévaloir des excellents résultats de son club, qui tutoyait les deux Manchester sur le podium de la Premier League. Très courtisé, il avait surtout souligné son attachement à Tottenham et ne s'était jamais déclaré ouvertement candidat.

Depuis, l'équipe londonienne a traversé un terrible trou d'air en championnat et n'est plus du tout sûre de se qualifier pour la Ligue des champions, après avoir gagné seulement deux matches lors des dix dernières journées.

La presse perplexe

Avec des moyens bien plus modestes, Hodgson, appelé à la rescousse en février par West Bromwich Albion, a rempli son contrat en assurant le maintien du club dans l'élite.

Cela ne l'avait pas empêché d'affirmer, en mars, qu'il accepterait «bien sûr» le poste de sélectionneur s'il lui était proposé, considérant qu'il s'agissait du «summum du succès pour un entraîneur d'être invité à diriger son propre pays». Mais cette déclaration était passée inaperçue.

Avant même d'être officialisée, la nomination de Hodgson a suscité la perplexité de la presse anglaise.

The Guardian parlait lundi matin d'une «décision choc et peut-être mauvaise», alors que le tabloïd The Daily Mail prévoyait déjà un «retour de bâton des supporteurs».

Hodgson a pourtant un CV au moins aussi fourni que celui de Redknapp, qui n'avait dirigé que des formations de second rang comme Portsmouth et Southampton avant d'arriver à Tottenham, et aucune sélection nationale.

Hodgson lui a beaucoup voyagé, en Suède, en Norvège, en Italie (Inter Milan et Udinese pour de courtes périodes), et a tenu les rênes de plusieurs sélections nationales, notamment la Suisse et la Finlande, avant de se relancer à Fulham (2007-2010).

On peut reprocher à cet entraîneur qui a occupé une vingtaine de postes depuis les années 70 une certaine inaptitude à se fixer et l'absence de titre significatif à son palmarès. Son échec avec Liverpool, qui l'avait remercié au bout de quelques mois en 2011, est encore frais dans les mémoires.