Les têtes se tournent et se lèvent au passage de Donovan Ricketts. Du haut de ses 6'4 et 215 livres, le gardien montréalais n'est pas du genre à passer inaperçu dans une foule. Le contraste est toutefois saisissant lorsqu'il se met à parler : la voix est douce et l'accent chantant nous transporte immédiatement sous le soleil de sa Jamaïque natale.

En ce matin frisquet d'avril au Complexe Claude-Robillard, Ricketts est bien loin de Montego Bay. Son esprit aussi, même si, malgré une carrière qui l'a conduit en Angleterre et en MLS, il reste très attaché à son pays. L'affection est réciproque pour ce joueur qui a participé aux plus beaux chapitres de l'histoire des Reggae Boyz.

En 1998, il a notamment participé à la Coupe du monde française à titre de troisième gardien. Depuis, le vice-capitaine a amassé 87 sélections, au gré de matchs amicaux, de qualifications pour les compétitions internationales ou dans le cadre de la Gold Cup. Âgé de 34 ans, il ne compte pas s'arrêter tout de suite. «Je n'ai plus joué depuis ma fracture du cubitus gauche [subie en juin 2011] et quand j'ai retrouvé les terrains, il n'y avait pas de matchs avec la Jamaïque. Mais je suis toujours prêt à jouer pour mon pays et heureux de le représenter.»

Il doit néanmoins prendre en compte les besoins d'une équipe montréalaise qui l'a rapidement classé dans la caste des piliers du groupe. Acquis du Galaxy de Los Angeles le 28 novembre en échange d'une somme d'argent, Ricketts présente l'un des CV les plus intéressants parmi les gardiens de la MLS. Imperturbable, il a aussi le don de relativiser le début de campagne de l'Impact.

«Chaque saison comporte sa part de moments difficiles, surtout pour une équipe d'expansion. Mais nous apprenons nos leçons et nous progressons de match en match», indique celui qui affrontera le FC Dallas, ce soir (20h30).

Cette situation est toute nouvelle pour Ricketts, qui a disputé ses deux premières saisons dans la MLS au sein du très riche et talentueux Galaxy. À l'autre bout du continent, il côtoyait quelques-unes des plus grandes vedettes de la ligue dans un club qui enchaînait les victoires tel un métronome. Il n'y a jamais perdu plus de deux matchs de suite et a affiché des statistiques qui lui ont valu le titre de gardien de l'année, en 2010.

Dans l'environnement montréalais, plus modeste en vedettes, il jure ne pas avoir modifié son approche. «C'est différent, mais tout le monde est une vedette même si certains sont plus connus que d'autres. Je suis le même dans le vestiaire : je n'ai pas changé, j'ai gardé la même personnalité.»

«Nous pouvons compter sur lui»

Dans le milieu du soccer, la règle veut que chaque gardien de but présente deux traits de caractère : un brin de folie et un attrait pour la solitude. Ricketts n'est en tout cas pas celui qui va se placer devant les caméras et les enregistreuses numériques. Il n'est pas non plus du genre à s'étendre sur son début de saison même s'il souligne qu'il «monte tranquillement en puissance».

À vrai dire, Ricketts a soufflé le chaud et le froid lors de ses six premiers matchs. Excellent à Columbus et à Salt Lake City, il est totalement passé au travers de son rendez-vous à New York. Et malgré la victoire contre Toronto, il a parfois été hésitant lors de ses sorties aériennes.

Certains partisans n'auraient pas hésité à se tourner vers un autre gardien après le match dans la Grosse Pomme. Jesse Marsch a plutôt gardé le cap. «Nous l'avons amené à Montréal parce qu'il est un gardien de très haut calibre dans cette ligue, répète l'entraîneur montréalais. Il ne fait aucun doute qu'il peut nous aider à gagner des matchs.

«À New York, certains jeux ont été plus difficiles, mais nous savons que nous pouvons compter sur lui. Il n'y a jamais eu l'ombre d'un doute sur ce qu'il est.»

Ricketts rappelle d'ailleurs que les automatismes ne se créent pas en quelques matchs. Dans son cas, il s'agit de développer une communication avec sa défense ou au moment des coups de pied arrêtés.

«Le plus difficile, dans une nouvelle équipe, est de trouver une cohésion. Tout le monde doit être sur la même longueur d'onde, ce qui requiert pas mal de discussions.»