Si Arsène Wenger joue son rôle en s'obligeant à croire au miracle contre l'AC Milan, mardi, c'est bien dans le Championnat d'Angleterre qu'Arsenal jouera le maintien de son statut de grand d'Europe, qui passe par une qualification pour la Ligue des champions 2012-2013.

Les chiffres ne laissent guère d'espoir aux «Gunners» après la défaite 4 à 0 à San Siro en huitième de finale aller, car dans toute l'histoire des Coupes d'Europe, seuls trois clubs ont réussi à remonter ce handicap, et jamais en C1.

«Nous savons que les statistiques sont contre nous. Ignorons-les et tentons notre chance», a dit l'entraîneur français, qui sait qu'une victoire, quel qu'en soit le score, aurait le grand mérite de renforcer le moral de ses hommes pour les prochaines journées cruciales de Premier League.

Sur le front intérieur, la situation est loin d'être désespérée. Les Londoniens, qui restent sur deux belles victoires contre Tottenham (5-2) et à Liverpool (2-1) ce week-end, tiennent la corde pour le dernier billet de C1 à la quatrième place, avec trois points d'avance sur un Chelsea en crise.

Et après tout, si les «Gunners» parvenaient à se maintenir dans le quatuor de tête, Wenger aurait beau jeu de réfuter la thèse du déclin du club en présentant un bilan exactement similaire à celui de l'année précédente, honorable faute d'être enthousiasmant pour les supporteurs.

Il s'agirait d'un soulagement, sinon d'une revanche, pour l'entraîneur, soumis dans les jours qui ont suivi le désastre de San Siro, le pire de toute l'histoire européenne des rouge et blanc, à une volée de critiques sans précédent depuis son arrivée à Londres il y a quinze ans.

Entraîneur du mois

Tout ce que l'Angleterre compte de commentateurs est tombé sur Wenger en rappelant le fiasco du dernier mercato d'été, lorsqu'il avait laissé partir Cesc Fabregas et Samir Nasri pour les remplacer in extremis par deux joueurs de classe très inférieure, Mikel Arteta et Yossi Benayoun.

Le manque de prévoyance du manager et sa réticence à ouvrir en grand le portefeuille du club pour suivre City, United et Chelsea dans la course aux armements étaient jugés responsables d'un affaiblissement souligné par quelques gifles historiques, notamment celle infligée par Manchester United, 8 à 2, la plus cinglante depuis 115 ans.

La position du Français s'est trouvée encore fragilisée par l'élimination de la Coupe d'Angleterre à Sunderland, quelques jours plus tard, qui condamnait pratiquement les «Gunners» à vivre une septième saison d'affilée sans trophée.

Mais Wenger sait que le vent tourne vite dans le soccer et que les événements les plus inattendus s'y produisent parfois. Ne vient-il pas de recevoir le prix d'«entraîneur du mois de février» en Premier League grâce aux quelques bons matches réussis par ses hommes?

«Un choc! Je n'ai absolument pas compris. Ceux qui ont lu les journaux ces dernières semaines ont dû penser que c'était une erreur», a commenté ironiquement l'Alsacien.

Wenger a besoin de la quatrième place et du billet en Ligue des champions pour relever le grand défi qui l'attend l'été prochain: persuader Robin Van Persie, sa dernière star mondiale, de rester à l'Emirates Stadium, et en persuader d'autres de l'y rejoindre, pour repousser le spectre du déclassement.