Le controversé John Terry, confirmé dans ses fonctions de capitaine de l'équipe d'Angleterre pour le match amical contre la Suède, mardi à Wembley, malgré les accusations de racisme qui pèsent sur lui, est un leader embarrassant pour le soccer anglais.

«Je ne suis peut-être pas la tasse de thé de tout le monde», avait admis le défenseur de Chelsea en mars dernier, après avoir récupéré le brassard qu'il avait perdu un an avant à cause d'une histoire d'infidélité conjugale.

Cette fois-ci, les accusations portées par le joueur des Rangers de Queens Park Anton Ferdinand sont plus graves. Lors du derby londonien du 23 octobre, Terry aurait proféré des insultes racistes à l'encontre de son adversaire.

L'affaire a été jugée assez sérieuse pour que Scotland Yard ouvre une enquête.

Au vu des images qui ont fait le tour d'internet, la nature des propos ne fait guère de doute, mais le capitaine des «Blues» jure qu'ils ont été mal interprétés et tirés de leur contexte.

Bien que beaucoup de gens aient été échaudés par la succession des «affaires Terry» depuis dix ans, le joueur a obtenu de nombreux soutiens, des plus attendus, comme ceux de ses coéquipiers en sélection, aux plus étonnants, tel celui du président de QPR.

«Dans le feu de l'action, on dit beaucoup de choses qui ne reflètent pas ce qu'on pense. On ne peut pas écarter quelqu'un pour racisme sur la base d'une seule phrase», a ainsi dit Tony Fernandes, le nouveau propriétaire des «Rangers».

Frank Lampard, capitaine par intérim lors du match contre l'Espagne (1-0) samedi, pour lequel Terry était officiellement au repos, a affirmé avec insistance que son coéquipier à Chelsea n'était «absolument pas raciste».

Il a même qualifié de «ridicule» la question posée à ce sujet par un journaliste.

Questions interdites

Dans la tourmente, le capitaine a obtenu l'appui de son sélectionneur Fabio Capello. «C'est le leader de l'équipe. Il a une grande influence dans le vestiaire. Pour moi, il est innocent jusqu'à ce qu'il ait été reconnu coupable», a dit l'Italien, qui a toutefois brouillé un peu son message en laissant Terry sur le banc contre l'Espagne, «pour faire des essais».

L'Italien avait déjà fait un premier geste en ne retenant pas Rio Ferdinand, le partenaire de Terry en sélection depuis sept ans, qui n'est autre que le frère aîné de sa «victime» présumée Anton Ferdinand. Le défenseur de Manchester United, gêné par une blessure en début de saison, n'était pas au meilleur de sa forme, assez opportunément pour Capello.

Le soutien du patron a du faire chaud au coeur de Terry, car lors de la précédente affaire, peu avant le Mondial 2010, l'Italien l'avait tout simplement lâché.

Accusé d'avoir eu une liaison avec l'ex-compagne de son coéquipier en sélection Wayne Bridge, Terry avait été rétrogradé au rang de simple soldat. Cédant à la pression de la presse et du public, le sélectionneur avait confié le brassard à... Rio Ferdinand.

Il faut dire que le défenseur de Chelsea, âgé de 30 ans, n'en était pas à son premier écart. Déjà en 2001, au tout début de sa carrière, il avait été sanctionné par son club pour s'être moqué de touristes américains juste après le 11 septembre.

Plus tard, il avait été critiqué pour avoir fait visiter les installations de Chelsea à des hommes d'affaires contre espèces sonnantes et trébuchantes, avant d'expliquer que l'argent était destiné à des bonnes oeuvres.

Face à la Suède, Terry va devoir justifier la confiance du sélectionneur par une performance sans tache dans un match qui n'aura pour lui rien d'amical.

«On ne peut jamais prendre à la légère un match avec l'Angleterre. On a à chaque fois l'impression de jouer sa place», a dit le capitaine lors de la conférence de presse d'avant match, où toute question sur «l'affaire» avait été interdite par la Fédération anglaise.