Il fallait connaître le championnat russe sur le bout des doigts ou fréquenter assidument les forums de discussion spécialisés pour connaître le nom de Joseph Di Chiara avant sa première convocation avec la sélection nationale canadienne.

Natif de Thornhill, le milieu de terrain de 19 ans a récemment capté l'attention du sélectionneur Stephen Hart en participant à quelques rencontres avec le FC Krylia Sovetov Samara cette saison. Arrivé en Russie au mois de mars, Di Chiara ne se doutait pas qu'un tel exil allait le rapprocher du groupe senior pour les récents matchs face à Sainte-Lucie et Porto Rico.

«Je suis très content d'avoir été retenu. C'est excitant et c'est une nouvelle étape dans ma carrière, a-t-il indiqué à La Presse.

«Stephen est heureux que je sois ici et je suis certain qu'il souhaite m'aider pour que j'atteigne un autre niveau dans mon développement.»

Évalualué par... vidéo

La surprise a été d'autant plus grande que Di Chiara n'a jamais été sélectionné au sein des équipes de jeunes. L'Ontarien n'a, par exemple, pas participé à la dernière campagne de qualifications pour le Mondial des moins de 20 ans. Il n'a pas plus été appelé pour évoluer avec les moins de 23 ans, même si la porte est désormais entrouverte.

Hart l'a finalement évalué grâce à quelques extraits vidéo.

«Peut-être que le problème avec le Canada est qu'ils n'en font pas assez dans leur dépistage pour trouver de nouveaux joueurs, a estimé Di Chiara. Mais je ne suis pas allé en Russie en pensant que cela allait me conduire à la sélection. C'est un bonus, mais je voulais surtout démarrer ma carrière professionnelle.»

Le choix russe s'avère très loin du sentier habituellement choisi par les jeunes Canadiens désireux de jouer en Europe. Mais pour Di Chiara, il s'est fait tout naturellement.

Le longiligne milieu de terrain a fait ses classes au sein du club Spartacus, en banlieue nord de Toronto. Grâce à de fortes connections russes, son entraîneur lui a obtenu plusieurs essais, dont un à Samara. Il a alors signé un premier contrat pour les trois prochaines saisons et demie. Ses atouts?

«Je suis un travailleur acharné, un bon tacleur et un joueur propre techniquement. La position à laquelle j'évolue requiert une certaine maturité et je pense que c'est mon cas malgré mon jeune âge.»

Il pourrait aussi ajouter une ligne ou deux sur sa capacité d'adaptation dans son CV. Parti seul à Samara, à 800 kilomètres au sud-est de Moscou, Di Chiara a su composer avec un milieu totalement différent. À quelques exceptions près, le FC Krylia Sovetov Samara n'est constitué que de joueurs russes ou issus d'Europe de l'Est.

«Les entraîneurs et les joueurs m'ont beaucoup aidé. Je suis jeune et étranger, ils m'ont donné de nombreux conseils et ont bien pris soin de moi.»

Il reste que Di Chiara n'est pas allé en Russie pour vivre une expérience humaine, mais pour parfaire son apprentissage professionnel. Peu médiatisé, son championnat occupe le septième rang au classement du coefficient de l'UEFA qui détermine le nombre de représentants par pays dans les épreuves européennes. Derrière les cinq grands championnats, il n'est devancé que par le Portugal.

Dopé par un afflux d'argent important, il a récemment fait les manchettes avec l'arrivée de Samuel Eto'o à Makhachkala.

«C'est un championnat d'un bon niveau avec de nombreux joueurs talentueux et de belles équipes. J'ai par exemple eu la chance de jouer contre l'Anzhi Makhachkala. C'est excellent pour moi de commencer une carrière dans ce genre d'environnement.»

Quelle sera maintenant la prochaine étape dans sa carrière? «L'Angleterre, l'Allemagne ou l'Italie», répond-il sans hésiter. Avec peut-être d'autres détours surprenants d'ici là.