Les intérêts personnels peuvent parfois guider les sportifs à cent mille lieues de leur discipline. L'immobilier est par exemple le dada de Nevio Pizzolitto, qui a même obtenu son permis d'agent en 2007.

«Je n'aime pas être coincé dans un bureau, je préfère avoir toute la liberté dans les rencontres et les visites. Les horaires sont un peu plus flexibles», indique-t-il à propos du métier qu'il a depuis mis en suspens.

Mais lorsqu'on lui demande ce qui est le plus facile entre un tacle sur Etienne Barbara, des RailHawks de la Caroline, ou la vente d'une maison, le capitaine de l'Impact n'hésite pas.

Son coeur et son esprit sont plus que jamais dirigés vers le soccer. Même si le club tourne une page importante de son histoire en intégrant la MLS au printemps prochain, Pizzolitto aimerait être l'un des personnages à écrire les premiers chapitres.

«Je voudrais jouer 20 autres années, lance en blaguant le joueur de 36 ans avant d'adopter un ton plus sérieux. Je vais essayer de disputer une autre saison. Ils me connaissent très bien et on va en discuter à la fin de l'année. On verra bien, mais pour l'instant, je me concentre sur l'objectif qui est de participer aux séries.»

Peu importe la décision de Jesse Marsch et de l'Impact, Pizzolitto peut se targuer d'avoir été l'une des figures marquantes du club en Deuxième division. Depuis ses débuts, à l'âge de 19 ans, en 1995, le défenseur a été un témoin de tous les hauts et les bas du club. Des grands moments, comme les chaudes soirées de Ligue des champions, aux matchs disputés dans un relatif anonymat.

«On a commencé au Complexe Claude-Robillard devant moins de 2000 spectateurs et on a beaucoup grandi. Je me rappelle les voyages en bus pour aller à Rochester ou au Connecticut et le retour à Montréal le soir même. Je me souviendrai bien sûr des grands matchs de championnat, mais aussi de l'ambiance dans le vestiaire.»

N'eût été l'instabilité de la fin des années 90, Pizzolitto aurait même disputé toute sa carrière avec l'Impact. Pendant ces temps incertains où le club disputait des championnats intérieurs, il a d'abord fait un crochet par l'US Imperia, en cinquième division italienne. L'expérience humaine («J'habitais au bord de la plage») autant que l'expérience sportive («Le niveau était bon») l'ont pleinement satisfait.

Sans passeport italien, il a plutôt décidé de ne pas prolonger l'aventure et de revenir à Montréal. Sauf que l'annulation de la saison extérieure, en 1999, l'a incité à prendre le chemin des Kickers de Richmond (USL) avec Dwayne De Rosario comme coéquipier et Colin Clarke à titre d'entraîneur. «Cela a été une bonne expérience qui m'a permis de voir la différence entre les deux équipes. L'Impact est un club 10 fois mieux organisé que les Kickers. Ce n'est pas facile de trouver une autre organisation comme ça.»

Les 12 saisons suivantes lui ont permis de consolider sa place chez l'Impact, en devenant même le capitaine à la suite de la retraite de Mauro Biello. En plus des championnats de 2004 et 2009, il a été le deuxième joueur du club à atteindre le cap des 2000 minutes de jeu en séries éliminatoires.

Il souhaite que les titres collectifs et les honneurs individuels ne sombrent pas dans l'oubli dans un avenir montréalais qui s'inscrit au plus haut niveau nord-américain.

«J'espère que les gens vont se rappeler l'ancien temps et les bons moments que l'on a eus. Je pense que Montréal a la fierté de son histoire et que les partisans, et tous les autres, vont apprécier le travail qui a été fait avant la MLS.»

Car même si la promotion ne s'est pas gagnée sur le terrain, Pizzolitto tire «sa fierté» d'avoir contribué à l'essor sportif et populaire du club passe après passe, victoire après victoire.

«S'il n'y avait pas un noyau de partisans, je ne pense pas que les propriétaires auraient pensé à rejoindre la MLS. Tous les joueurs de Montréal sont fiers d'avoir fait grandir quelque chose avec l'organisation et on va garder cette fierté avec nous pour toujours.»