Rangers ou Celtic? Bien au-delà des considérations religieuses qui rythment cette rivalité depuis 125 ans, c'est avec cette simple interrogation que l'on peut résumer le championnat écossais année après année.

Avec un total de 96 titres, les deux clubs de Glasgow règnent sans partage sur une Premier League aux écarts toujours grandissants. Sauf que les Rangers et le Celtic ne sont pas à l'abri de la grisaille sportive et financière qui règne au pays du Loch Ness.

Depuis l'an 2000, ces deux clubs ont remporté six championnats chacun. Et si Heart of Midlothian est parvenu à s'intercaler entre les deux en 2005-2006, l'écart habituel entre le deuxième et le troisième rang s'élève à une vingtaine de points.

Dominateurs en Écosse, les Rangers et le Celtic sont cependant très loin de briller en Coupe d'Europe, le baromètre idéal de la santé d'un pays. Il faut remonter à 2007-2008 pour trouver la trace d'une bonne saison alors que le Celtic avait atteint les huitièmes de finale de la Ligue des champions et que les Rangers s'étaient hissés en finale de la Ligue Europa.

Depuis, c'est la traversée des Highlands. Cette saison, les Rangers ont même été battus par Malmö en tour préliminaire de la Ligue des champions avant de subir le même sort en Ligue Europa face à Maribor. Éliminé par Sion, le Celtic ne doit sa présence dans cette épreuve qu'à l'exclusion de l'équipe suisse pour avoir aligné des joueurs non qualifiés. Mine de rien, le dernier représentant écossais à avoir soulevé un trophée européen est l'Aberdeen FC, entraîné par Alex Ferguson, en 1983.

Devant ce constat d'échec, les propositions pour améliorer leur compétitivité sportive et financière reviennent de façon cyclique. L'ex-entraîneur des Rangers, Walter Smith, avait par exemple proposé la création d'une Ligue européenne qui intégrerait tous les grands clubs des championnats secondaires. Son idée, qui a reçu peu d'échos, était construite autour des Pays-Bas, du Portugal, de la Belgique et des pays scandinaves.

Mais le scénario qui revient le plus souvent est le déménagement des Rangers et du Celtic dans le championnat anglais. Il y a encore deux ans, le président de Bolton, Phil Gartside, avait proposé une refonte de la Premier League avec l'inclusion des deux rivaux écossais au sein d'une deuxième division bonifiée. Les autres clubs anglais ont refusé, adoptant la même position que leur président, Richard Scudamore.

Le Celtic et les Rangers sont donc condamnés à rester deux gros poissons dans une petite mare. Une petite mare sportive dans un faible championnat à 12 équipes, mais surtout une petite mare télévisuelle avec ses 5 millions d'habitants.

Une victime commerciale

Avec la faillite de la chaîne Setanta en Grande-Bretagne, en 2009, les instances écossaises ont dû renégocier une entente à la baisse avec Sky et ESPN. Après avoir songé à acheter eux-mêmes les droits télévisuels, les Glaswegiens ont fait front commun en dénonçant cet accord. L'ex-président du Celtic John Reid s'est fait le porte-parole du pessimisme ambiant.

«En plein coeur d'une récession, toute la Premier League écossaise est maintenant une victime commerciale, dans un marché télévisuel non compétitif, et avec un revenu inférieur de 60% par rapport aux sommes précédentes.»

Ce contrat, qui s'achève à la fin de cette saison, est loin d'avoir été la seule mauvaise nouvelle financière ces derniers mois. Les Rangers sont actuellement poursuivis par l'administration fiscale britannique pour deux factures impayées dont les arriérés et les intérêts ont fait monter l'ardoise à plus de 80 millionsde dollars. Déjà endetté - tout comme le Celtic d'ailleurs -, le club a nié être au bord de l'insolvabilité. Mais le risque est bien là et les perspectives d'amélioration, très faibles.

Dans ce contexte, le Old Firm de dimanche a quasiment eu l'effet d'une oasis de sérénité avec ses 6 buts, son carton rouge et son absence d'incident notable. Voilà un contraste avec l'escalade de gestes stupides posés la dernière saison par les joueurs, les entraîneurs et les partisans.

Car peu importe la compétition ou la situation financière, l'émotion sera toujours présente entre les Rangers et le Celtic.