Arsène Wenger est dans les câbles après l'énorme gifle infligée dimanche par Manchester United (8-2), la plus cinglante jamais reçue par Arsenal depuis... 115 ans.

Alors que l'insuffisance de son effectif a une nouvelle fois crevé les yeux à Old Trafford, le Français est pressé de toutes parts de recruter enfin les joueurs d'expérience qui lui font défaut.

Mais il est probablement trop tard, à trois jours de la clôture des transferts, mercredi soir, d'autant que les pistes évoquées ces dernières semaines, les défenseurs anglais Gary Cahill (Bolton) et Phil Jagielka (Everton), voire le Brésilien du Real Madrid Kaka, n'ont pour le moment mené nulle part.

À moins que l'Alsacien ne remplisse son panier à la dernière minute, Arsenal aura été le grand perdant du marché estival et le manager, jugé à la fois trop frileux et pas assez prévoyant, en sera tenu pour le principal responsable.

Il semble que le club ait passé l'essentiel de l'intersaison à tenter d'éviter, ou à négocier au meilleur prix, les départs de ses deux principaux créateurs, Cesc Fabregas pour Barcelone et Samir Nasri pour Manchester City, au lieu de s'atteler fermement à leur remplacement.

De façon encore plus étonnante, les Londoniens n'ont engagé aucun nouveau défenseur, perdant au contraire Gaël Clichy au profit de City, alors que leur faiblesse dans ce secteur est soulignée depuis longtemps, ni fait venir de gardien pour épauler le tout jeune Wojciech Szczesny.

Le seul renfort notable a été l'attaquant ivoirien de Lille Gervinho. Pour le reste, le club est resté fidèle, volontairement ou pas, à sa politique de recrutement de très jeunes joueurs en devenir: l'Anglais Oxlade-Chamberlain (18 ans), le Costaricien Campbell (19 ans), le Finlandais Jenkinson (19 ans).

70 millions à dépenser

Pas de quoi satisfaire les supporteurs, qui aimeraient enfin voir débarquer à l'Emirates Stadium une star confirmée, après avoir été déçu par bien des nouveaux venus des dernières années (Chamakh, Arshavin, Bendtner, Koscielny).

Le problème ne peut pas se situer du côté de la caisse car Arsenal, cinquième club le plus riche du monde selon le rapport annuel du cabinet Deloite, a touché un pactole de 70 millions de livres avec ses ventes de l'été.

Les critiques contre l'avarice supposée d'un Arsène Wenger défendant son tas d'or ne tiennent pas non plus pour la bonne raison que cet argent ne lui appartient pas.

L'échec, forcément collectif, est donc à mettre aussi au passif des dépisteurs et des négociateurs d'Arsenal, ainsi qu'à celui des propriétaires, car un club de cette envergure ne saurait être mené par un seul homme, fût-il Arsène Wenger, «l'homme qui sait» («Arsène knows», disaient ses admirateurs).

Le Français, âgé de 61 ans et en poste depuis 1996, affirme qu'il n'envisage «absolument pas» de démissionner. Après tout, on n'a joué que trois journées de Championnat et les «Gunners» ont remporté une victoire vitale en se qualifiant pour la Ligue des champions aux dépens d'Udinese la semaine dernière.

Wenger n'a pas eu tort de souligner dimanche que «toute équipe privée de huit joueurs» aurait eu des problèmes, à la suite du naufrage d'Old Trafford auquel Sagna, Vermaelen, Wilshere, Diaby, Song et Gervinho n'ont pas participé.

Il n'empêche que la 17e place d'Arsenal au classement, après un nul et deux défaites, et les huit points de retard sur les deux Manchester, font mauvais genre, surtout pour un club qui n'a pas décroché le moindre trophée depuis six ans.