Ils sont Argentins, Finlandais, Palestiniens, Kenyans ou encore Namibiens et ont tous un point commun: sans-abri, ils jouent la coupe du monde de soccer à Paris près de la Tour Eiffel pour tacler leur précarité et retrouver confiance en eux.

Âgé de 27 ans, Boris Mirakian est de ceux qui participent à la compétition pour décrocher un emploi. En raison d'un «problème de titre de séjour», il dit ne pas en trouver. «Je suis né en Géorgie mais cela fait seize ans que je suis en France. Aujourd'hui, je suis dans l'impasse et obligé de vivre chez mes parents», explique ce brun à la barbe naissante qui vit à Caen.

L'un de ses coéquipiers, Jonathan Decombard, 22 ans, a le même objectif. S'étant retrouvé à la rue à 16 ans à la suite d'une rupture familiale, il dit avoir vécu «de squat en squat» pendant quatre ans avant de trouver un logement.

Pour la plupart des quelque 500 sans-abri évoluant dans les deux tournois féminin et masculin, le but est avant tout de se reconstruire une estime de soi à l'instar de Hilda Dvergsnes, une Norvégienne de 31 ans, qui dit avoir perdu son logement «en raison de problèmes de drogue».

Pour Salim Musa, attaquant de l'équipe d'Angleterre, hébergé à l'hôtel depuis plus d'un an, c'est un moyen de se resociabiliser. «J'ai l'habitude de rester cloîtré à l'hôtel. Ici au moins, je rencontre des gens de culture différente, c'est très enrichissant», explique ce jeune de 23 ans, originaire de Birmingham.

D'autres comme Will Mitchell, un Canadien de 26 ans au chômage, préfère profiter de l'instant présent. «Je suis confiant. Je vais d'abord jouer le tournoi. Après on verra», explique ce joueur polyvalent, plutôt trapu, à la barbichette rousse.

Pour participer à la compétition sportive annuelle, initiée en 2003 à Graz (Autriche), les joueurs doivent entre autres avoir au moins seize ans, n'avoir pris part à aucun tournoi précédent de la Homeless World Cup, être demandeur d'asile, être ou avoir été dans l'année sans domicile fixe selon la définition propre à chaque pays.

«On est face à une population très variée. Jouer à deux pas de la Tour Eiffel, c'est un formidable moyen d'attirer du monde et de montrer aux gens une image différente des sans-abri», souligne Benoît Danneau, directeur du comité local d'organisation.

«Le football remobilise les sans-abri dans leur corps, dans leur tête. Cela leur permet de créer des liens d'amitié, de vivre ensemble. Ils apprennent à se booster mutuellement», ajoute celui qui est aussi animateur au Secours catholique.

«Avant d'envisager de retrouver un emploi, la vraie préoccupation est avant tout pour certains de renouer le dialogue avec leurs parents, de réduire leur consommation d'alcool, de se désintoxiquer ou de trouver un logement», poursuit-il.

La neuvième Coupe du monde de soccer des sans-abri se déroule jusqu'au dimanche 28 août sur trois mini-terrains.

Les organisateurs, qui ont laissé l'entrée gratuite, espèrent attirer de 40 à 50 000 spectateurs tout au long de la compétition dont la finale est programmée le 28 août.

Parallèlement, un colloque international sur le thème «La rue: y tomber, y vivre, s'en sortir et ne pas y retomber» est organisé jusqu'au 24 août.

Le titre de champion du monde est détenu par le Brésil qui s'était imposé à Rio en 2010 dans les deux tournois, féminin et masculin.