Les temps sont durs pour le monde du soccer québécois et canadien. Difficile de trouver des éléments positifs aux performances récentes de l'Impact ou des équipes nationales. Pour les gens oeuvrant dans le milieu, les résultats sont déprimants et le niveau de jeu offert par les joueurs qui sont au sommet de la pyramide a de quoi laisser perplexe.

De passage à un tournoi de soccer de la région de Montréal, la fin de semaine dernière, j'espérais pouvoir me changer les idées en décelant quelques signes indiquant que notre sport progresse tout de même sur le plan qualitatif dans la province.

C'est donc armé d'espoir que j'ai arpenté les lignes de touche de terrains de soccer à 7 bien cernées par les régiments de chaises pliantes. Je suis toutefois revenu bredouille. J'ai bien été témoin de beaux gestes occasionnels de la part de jeunes joueurs de 9 ans, mais je retiens davantage les cris agressifs et souvent déplacés de la foule de parents.

Le constat est bien près de celui que faisait il y a quelques années André Gagnon, alors directeur technique provincial: notre soccer récréatif est trop compétitif et notre soccer compétitif est trop récréatif.

Soccer mineur hypercompétitif

Suis-je le seul à craindre que l'atmosphère malsaine qui règne dans les arénas de hockey du Québec soit en train de se propager aux lignes de touche des terrains de soccer?

Comme je le mentionnais dans une autre chronique, l'attitude de certains parents - les plus bruyants? - ne fait pas que nuire à la qualité du jeu. Le ton agressif qu'on entend dans des matchs U9 a le don d'attiser les hostilités entre les équipes sur le terrain et entre les parents aux abords de celui-ci. Comme dans d'autres sports, on a tendance à confondre l'issue d'un match et les chances de réussite professionnelle de nos jeunes prodiges. Pourtant, les dépisteurs vous le diront, le résultat d'une rencontre est secondaire lorsqu'on est à la recherche de talent.

Encore une fois, on fait fausse route en mettant l'accent sur l'objectif à très court terme de gagner plutôt que sur la manière de jouer. Au lieu de percevoir l'équipe adverse comme un problème à résoudre, on envoie aux enfants le message qu'elle est l'ennemi à abattre. Que le niveau soit local, régional ou provincial, l'environnement d'un match de soccer au Québec est trop agressif et pas assez éducatif. À long terme, c'est toute la structure de notre foot qui en subit les contrecoups.

Une élite en manque de compétition

À l'autre bout du spectre, nos équipes d'élite peinent à trouver un niveau de compétition élevé qui les oblige à évoluer. Quand on gagne facilement malgré les nombreuses erreurs qu'on peut commettre, on remet à plus tard les apprentissages qu'on devrait faire durant des étapes cruciales de formation. Le message est également dur à faire passer pour un éducateur pourtant à l'affût des lacunes de ses joueurs.

Les matchs les plus difficiles que j'ai disputés lorsque j'étais adolescent ont eu lieu face à des sélections ontariennes ou américaines. L'expérience n'était pas toujours plaisante pour une équipe habituée aux victoires confortables dans le championnat provincial, mais ces chocs avaient le mérite de stimuler le groupe et d'exiger le dépassement de soi.

Quand on pense au niveau encore plus élevé que les jeunes d'ici devront atteindre pour jouer en MLS, on peut s'inquiéter du sort de nos meilleurs qui ont rarement l'occasion ou plutôt l'obligation de maximiser leur potentiel. Les espoirs québécois d'aujourd'hui devront dépasser le rendement des Leduc, Gervais ou Braz pour se tailler une place avec l'Impact à cet échelon. Non seulement la marche est haute, mais la marge d'erreur est quasi nulle dans l'organisation.