Mohammed Bin Hammam, candidat retiré, veut faire appel de sa suspension dans une affaire de fraude présumée et les attaques pleuvent sur le secrétaire général de la FIFA Jérôme Valcke: «Une crise? Quelle crise?», répond stoïque le président Joseph Blatter, en voie d'être réélu mercredi.

L'élection présidentielle de la FIFA se prépare pourtant dans un contexte délétère et hallucinant.

Lundi après-midi, nouveau rebondissement: Bin Hammmam demande «urgemment» les motivations de sa suspension pour le mardi 31 mai, afin de formuler son appel à temps pour révoquer sa suspension provisoire avant que ne commence le congrès (électif) du mercredi 1er juin à Zurich.

Mais l'appel, dans son cas, ne sera pas suspensif, a précisé une source proche du dossier.

Encore une épine dans le pied de Joseph Blatter? Non, le président sortant est seul candidat à sa succession depuis le retrait de la candidature de Bin Hammam, dans la nuit de samedi à dimanche, avant sa suspension dans une affaire de fraude présumée liée au scrutin.

«Une crise? Quelle crise ? Qu'est-ce qu'une crise? Le foot n'est pas en crise, vous avez vu la finale de la Ligue des Champions samedi. Il y a seulement des difficultés», est resté stoïque Blatter, pourtant bombardé de questions en conférence de presse.

Il y a pourtant de quoi utiliser le mot «crise»: l'organisation du Mondial 2022 au Qatar a réclamé lundi des explications «urgentes» sur des propos de Valcke rapportés par Jack Warner, vice-président de la FIFA, lui aussi suspendu le temps d'une enquête interne.

Un courriel polémique de Valcke

Warner, qui a déjà dénoncé dimanche soir dans un communiqué un «don» de Joseph Blatter de un million de dollars à la CONCACAF (Confédération américaine dont Warner est le président) le 3 mai, rapporte ainsi un échange qu'il a eu avec le secrétaire général de la FIFA.

Dans cet échange, Valcke a lâché à propos de Bin Hammam: «Peut-être qu'il pensait qu'il pouvait acheter la FIFA comme ils (les Qataris) ont acheté le Mondial (2022)». Valcke a reconnu le courriel en question mais a avancé qu'il avait utilisé un «ton plus léger», «moins formel», parlant de la «puissance financière» du Qatar, «pas d'achat de voix».

«J'avais prédit un tsunami, vous n'avez encore rien vu», a relancé lundi Warner, sur Sky Sports News, ulcéré de voir Blatter blanchi dimanche dans un volet concernant la même affaire de fraude électorale présumée.

Valcke est également la cible de Bin Hammam, qui écrit lundi dans un communiqué: «J'ai l'impression que l'issue de ces procédures a été décidée bien en amont et cela est devenu une évidence (...) dimanche où Valcke a montré pour qui il était (Blatter, ndlr)».

Image souillée

Valcke, provoqué dimanche par une question de la presse anglaise, n'a pas caché qu'il était favorable à un quatrième et dernier mandat de Blatter, 75 ans, président en exercice depuis 1998.

Bin Hammam et Warner sont accusés d'avoir monnayé des votes de la Confédération des Caraïbes en faveur du premier nommé - quand il était alors candidat - lors d'une réunion à Trinidad et Tobago, fief du second, début mai.

Le comité éthique de la FIFA a confirmé dimanche étudier une allégation: Bin Hammam et Warner auraient offert pour 40 000 $de cadeaux à des Fédérations nationales en échange de leurs votes.

La FIFA, qui commençait ses travaux ce lundi par un comité exécutif, avant l'ouverture du congrès mardi soir et l'élection de mercredi, connaît bien des remous. Mais Blatter est toujours debout et se pose même en candidat du changement: «Il faut combattre les démons, il y a une mauvaise situation, mais il y aura un congrès électif mercredi et la famille du foot, si elle veut restaurer la crédibilité de la FIFA, pourra le faire avec moi».