Buteur spectaculaire, belle gueule, et deuxième du championnat: l'Uruguayen Edinson Cavani fait vibrer Naples, plus que jamais en course pour le titre après le 3-0 infligé à la Juventus Turin grâce à un triplé de celui qu'on compare déjà à l'idole absolue, Diego Maradona.

Les bras ouverts «façon Jésus», cheveux longs et les yeux au ciel: la pose, en photo ou au pochoir, commence à tapisser les murs de Naples. À 23 ans, Cavani, arrivé cette saison de Palerme, a très vite séduit la ville, comme dans une chanson d'amour napolitaine.

Dimanche soir, le stade San Paolo lui a d'ailleurs chanté sa préférée, celle qu'il réservait à «Diego»: O surdato 'nnammurato (Le soldat amoureux), bijou du folklore local, au vibrant refrain: «Ohi vita, ohi vita mia» («Oh vie, oh ma vie»).

«J'en avais les larmes aux yeux. C'est un grand bonheur de voir le stade t'acclamer et chanter de cette façon», a dit celui que Naples appelle: «le Matador».

La grande histoire d'amour d'Edinson Roberto Cavani Gomez, né le jour de la Saint-Valentin 1987 (le 14 février), avec Naples, est née de ses buts. Le triplé de la tête contre la Juve, club «ennemi» du Napoli, n'est qu'une nouvelle offrande du jeune premier. Il a déjà marqué 13 fois en Serie A (meilleur buteur avec Antonio Di Natale, de l'Udinese) et 7 en Europa League (et 5 fois avec l'Uruguay depuis août).

Les dernières secondes

Il a aussi fait bondir le coeur de Naples en marquant souvent dans les dernières secondes. Le 19 décembre (17e journée), il avait battu Lecce (1-0) à lui seul, d'une frappe de 30 mètres sous la barre (90+3). «Je veux dédier ce but aux Napolitains. C'est mon cadeau de Noël pour tout le peuple bleu ciel», avait dit Cavani.

Quatre jours plus tôt, il avait de justesse qualifié les siens pour les 16e de finale de C3 d'un but contre le Steaua Bucarest (1-0, 90+3). À l'aller, c'est déjà lui qui avait sauvé un point en Roumanie en égalisant à la... 90e+8 (3-3).

A Noël, les maillots avec Cavani dans le dos sont partis comme des petits pains à Naples. Mais ce garçon calme, «Athlète du Christ» et membre de l'Église Evangélique Pentecôtiste (comme le Brésilien Kaka), garde la tête froide. «Nous avons le niveau de la Ligue des champions, dit-il plutôt que de parler du «Scudetto» (le titre), mais nous avions commis tant d'erreurs contre l'Inter (défaite 3-1 jeudi). Nous devons progresser match après match».

Heureux en amour avec Naples, Cavani est aussi «heureux en couple». «Ma femme va me rendre père (ils ont déjà une fille) dans quelques mois, nous attendons un garçon. Je suis heureux de l'arrivée du petit, nous l'attendions depuis longtemps».

Bien sûr Cavani n'est pas encore Maradona: il n'a marqué qu'un but au Mondial 2010, lors du match pour la troisième place (perdu 3-2 par l'Uruguay contre l'Allemagne), et n'a pas - pas encore - gagné le Scudetto que Naples n'a remporté que deux fois, avec Diego (1987 et 1990).

Mais le président Aurelio De Laurentiis, producteur de cinéma - et de films sentimentaux - a prévenu: «Je ne le vends pas, même pour 50 millions». L'amour n'a pas de prix.