La FIFA a pris la planète soccer par surprise, jeudi à Zurich, en octroyant les Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar.

Après respectivement deux et quatre tours, les 22 membres du comité exécutif ont opté pour des choix novateurs qui ont créé autant de scènes de joie à Moscou et à Doha que de déception, voire de questionnements à Londres ou Madrid.

«Tout le monde sait que l'Angleterre est le pays où le soccer est né, mais les membres ont décidé d'aller vers quelque chose de nouveau, a expliqué à La Presse Walter Sieber, l'un des coordonnateurs généraux de la FIFA.

«Comme le CIO, ils veulent voir d'autres marchés en faisant preuve d'esprit d'ouverture. Mais il y a quand même un peu de surprise.»

Cette surprise est d'autant plus grande que les rapports techniques publiés en novembre mettaient en lumière de nombreuses interrogations dans les deux cas, et même quelques risques potentiels. Mais cela n'a guère pesé au moment du vote, soutient Sieber qui était également impliqué dans le groupe de travail du CIO menant au choix de Sotchi (Russie) pour les Jeux olympiques de 2014.

«Dans nos rapports, on avait mis Sotchi troisième derrière Pyeongchang et Salzburg. Finalement Sotchi est sortie première. Ce qui est important, c'est d'avoir toutes les garanties qu'il sera possible d'organiser les Jeux ou un Mondial, mais ensuite les membres décident et le classement des rapports ne veut plus rien dire.»

Le soutien de Poutine

Dans le cas de la Russie, le retard au chapitre des infrastructures est justement compensé par les garanties offertes depuis de nombreuses années par le premier ministre Vladimir Poutine. L'homme fort russe a même choisi de ne pas se rendre à Zurich pour éviter de mettre une «pression extérieure» sur le comité.

«La Russie a fait beaucoup de choses dernièrement et, à chaque fois, Vladimir Poutine était derrière, rappelle Sieber. Il est clair qu'il était derrière Sotchi et il ne faut pas oublier que les Russes ont aussi obtenu les championnats d'athlétisme de 2013.

«À chaque fois que la Russie a été choisie, tout le monde savait que Poutine soutenait la candidature et qu'il donnait des assurances très sérieuses sur le financement. Mais il est clair qu'il reste beaucoup à faire, surtout pour les stades.»

Le choc qatari

Bon dernier au terme des visites de la délégation de la FIFA, le Qatar a devancé les États-Unis 14-8 lors du quatrième et dernier tour de scrutin. Il s'agit là d'une nouvelle victoire pour le riche pays du golfe Persique dont la superficie est inférieure à celle du seul État du Connecticut.

Car depuis une quinzaine d'années, le Qatar multiplie l'organisation d'événements sportifs d'envergure. Après avoir obtenu le Championnat du monde de soccer des moins de 20 ans en 1995, le Qatar a accueilli les Jeux Asiatiques en 2006 et sera l'hôte de la Coupe d'Asie des nations de soccer l'an prochain. À cela s'ajoutent un Grand Prix MotoGP et un tournoi de tennis ATP chaque année.

«C'est un acteur majeur dans le domaine du sport et ils ont fait une présentation absolument incroyable, a noté le Montréalais. Je compare le Qatar avec la Russie. Il n'y a pas de limites, il y a tellement d'argent. Mais je n'aurais pas nécessairement cru qu'ils allaient l'emporter.»

En plus de sa superficie, la chaleur est évidemment l'obstacle majeur qui inquiète déjà les observateurs, les joueurs et les entraîneurs. En plus de la promesse de climatiser les stades, diminuant la température d'une vingtaine de degrés, le prince héritier et président du Comité de candidature, Cheikh Mohammed bin Hamad Al-Thani, a rappelé que la FIFA a déjà organisé «différents tournois sous des climats similaires à celui du Qatar».

On peut penser à la chaleur accablante lors de l'épreuve mexicaine tenue en 1970. Et, à l'opposé, à l'édition sud-africaine.

«Donner le Mondial à l'Afrique du Sud l'hiver n'était pas évident non plus, a souligné Sieber. Ce n'est pas facile pour les joueurs avec une altitude qui variait entre 0 et 1700 mètres. Là, on va dans un autre extrême avec des températures qui dépassent les 40 degrés. Mais je suis pas mal sûr que des études ont été faites sur le plan médical pour s'assurer qu'il n'y a pas de risque à jouer là.»