L'Angleterre, berceau du soccer, semble le candidat le mieux armé pour accueillir le Mondial-2018, les atouts techniques du dossier ibérique (Espagne-Portugal) et les affaires de corruption pouvant toutefois venir influer sur la décision du Comité exécutif de la FIFA, jeudi.

L'Angleterre en pole

Sur le papier, les Anglais possèdent les meilleurs arguments pour organiser la Coupe du monde dans huit ans. Le pays qui a donné naissance au jeu n'a plus accueilli la compétition suprême depuis 1966 et peut s'appuyer sur des infrastructures de très haute qualité à l'image de ses stades ultra-modernes. La ferveur des fans anglais devrait également garantir une ambiance festive, un critère essentiel aux yeux de la Fédération internationale (FIFA).

Mais la force de l'Angleterre réside aussi dans sa capacité à exercer un fort lobbying. Après avoir arraché à Paris, Madrid, New York et Moscou les JO de 2012 grâce notamment à l'entregent de Tony Blair, les Anglais devraient ressortir la grosse artillerie pour tenter de peser sur la décision des 22 membres du Comité exécutif de la FIFA avec la présence, le jour du vote, du premier ministre David Cameron, du Prince William et du joueur David Beckham.

Le but est d'afficher l'unité du pays derrière cette candidature et d'éloigner des représailles éventuelles, les médias britanniques ayant été à l'avant-garde concernant les soupçons de corruption qui pèsent sur des membres du CE de la FIFA. Il faudra également dissiper les remous que ne manquera pas de provoquer la diffusion lundi d'un documentaire de la BBC et les nouvelles révélations - annoncées comme telles - sur certaines pratiques douteuses au sein de l'instance dirigeante du soccer mondial.

Espagne-Portugal, un outsider plombé par la crise

Le rapport d'évaluation de la FIFA a été plutôt élogieux à l'égard du dossier ibérique. Stades déjà prêts, expérience des grands événements internationaux (Mondial 82 en Espagne, JO 92 à Barcelone et Euro 2004 au Portugal), passion pour le football, réseau de transports dense: le champion du monde et d'Europe espagnol et le Portugal n'ont rien à envier aux Anglais. Reste la crise économique qui a plombé les finances des deux pays, menacés de faillite.

Le Secrétaire d'État portugais aux Sports Laurentino Dias est monté au créneau pour expliquer que «le coût (du Mondial, ndlr) sera infiniment inférieur aux recettes de la réalisation au Portugal de vingt matches de la Coupe du monde.»

Les trois membres de la Confédération sud-américaine au CE ont déjà assuré de leur vote l'Espagne et le Portugal, mais les accusations de collusion avec la candidature du Qatar pour le Mondial-2022 pourraient nuire aux Ibériques.

La Russie, plus de doutes que de certitudes

La candidature de la Russie colle parfaitement au désir de la FIFA de défricher de nouveaux territoires. Le pays, qui possède pourtant une longue tradition du ballon rond, n'a jamais organisé de phase finale (Mondial ou Euro) et peut légitimement estimer que son tour est arrivé. Mais hormis le stade Luzhniki à Moscou, théâtre de la finale de la Ligue des champions en 2008, aucune enceinte ne répond aux standards réclamés par la FIFA et le pays, le plus étendu de la planète, pourrait pâtir de la vétusté de ses infrastructures au niveau des transports.

La Russie peut en revanche compter sur le soutien sans faille de l'homme fort du pays, le premier ministre Vladimir Poutine, déjà artisan de la quête des Jeux olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi.

Belgique-Pays-Bas sans illusion

L'Euro 2000 organisé conjointement par les deux pays apparaît bien loin et cette expérience pourrait ne pas peser bien lourd face au rouleau compresseur anglais. Les deux pays manquent de stades et ne constituent pas des marchés essentiels pour la FIFA. Les Belges doivent en outre jongler avec une crise politique et institutionnelle qui menace leur unité. Le président de la FIFA Joseph Blatter avait d'ailleurs manifesté son peu d'enthousiasme pour cette candidature en la qualifiant il y a un an de «sympathique».