Des intrigues et un parfum de corruption dans l'air, avec à l'enjeu des milliards de dollards à investir. La décision de la FIFA de choisir en même temps où auront lieu les Coupes du monde de 2018 et 2022 s'annonçait déjà comme une campagne des plus majeures et des plus surveillées, avant même les allégations de pots-de-vin et de votes truqués.

«Quand les gens parlent de la FIFA il y a souvent une attitude négative. On évoque la corruption», mentionne le dirigeant du comité éthique de la FIFA, Claudio Sulser, qui a récemment complété une enquête d'un mois sur les candidatures et les votants, après une opération incriminante menée par un journal britannique.

Quelques-uns des pays les plus importants, les plus riches et les plus ambitieux souhaitent ardemment obtenir le prestigieux tournoi regroupant 32 clubs nationaux, si bien que des personnalités comme Bill Clinton, Vladimir Putin et le Prince William sont attendues à Zurich pour mousser leurs pays respectifs.

Ils seront les vedettes des présentations de 30 minutes devant le comité exécutif de la FIFA, mercredi et jeudi, avant le vote secret qui déterminera les deux vainqueurs.

Pour 2018, le choix se fait entre l'Angleterre, la Russie ou des efforts conjoints Belgique-Pays-Bas et Espagne-Portugal. Pour 2022, on choisira entre les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie ou le Qatar. Le vote repose sur 22 hommes des hautes sphères de la FIFA, après la suspension d'Amos Adamu et Reynald Temarii pour trois ans et un an, respectivement.

Le président de la FIFA Sepp Blatter a dit que la collusion était inévitable avec huit votants qui viennent des pays en lice, mais a ajouté que tout se fera correctement, car les votants sont conscients de l'ampleur de l'attention accordée au processus.

Pour la FIFA, la fascination mondiale exercée par la Coupe du monde est à la fois une bénédiction et un fardeau. On a empoché 3,5 milliards $ grâce au Mondial de 2010, mais le travail des médias a révélé une culture corporative que Transparency International, qui surveille la corruption dans les grands projets internationaux, a décrite comme «des cadeaux pour tout le monde, en tout temps, à chaque occasion.»

En se faisant passer pour des lobbyistes voulant acheter des votes, des reporters du Sunday Times de Londres ont mis dans l'embarras des membres en haut lieu de la «famille footballistique» de Blatter.

Filmée en secret, leur enquête a fait tomber Adamu, Temarii et quatre anciens membres du comité exécutif, qui ont été radiés pour un total de 16 ans d'un mode de vie reposant sur un compte de dépenses de la FIFA. Le meneur de la candidature de l'Espagne, Angel Maria Villar, qui dirige aussi le comité des arbitres de la FIFA, a rapidement été exonéré de tout blâme.