Arjen Robben accordera peu d'importance à la manière dont les Pays-Bas tenteront de vaincre l'Espagne dimanche, surtout considérant qu'il a effectué une manoeuvre qui a failli causer la perte de son pays à la Coupe du monde de football. Peu importe, tant qu'il peut soulever le précieux trophée.

«Je préfèrerais jouer un match extrêmement laid et l'emporter, plutôt qu'offrir une belle performance et m'incliner», a dit Robben.

Triompher sans honneur serait parfait, particulièrement après ce qui s'est produit le 5 juin.

Lors d'un match préparatoire contre la Hongrie, il a tenté une légère talonnade - la marque de commerce des Hollandais - lorsqu'il a été pris de douleur et s'est effondré au sol, ennuyé par une élongation musculaire au jarret droit.

Soudainement, les Pays-Bas croyaient devoir se passer de l'un de leurs meilleurs joueurs, moins d'une semaine avant le match d'ouverture du Mondial. Il est particulièrement difficile à composer avec une élongation musculaire à un jarret.

«Si vous m'aviez dit ce qui se produirait là, je ne l'aurais simplement pas cru», a commenté Robben à l'approche de la finale de la Coupe du monde.

La formation hollandaise a même quitté sans lui pour l'Afrique du Sud, puisqu'il devait passer une batterie de tests afin de déterminer s'il serait en mesure de jouer.

Vendredi, seulement un mois plus tard, il se retrouvait en nomination pour le Ballon d'Or de la Coupe du monde, remis au joueur par excellence du tournoi. Ceci sachant qu'il a amorcé seulement trois des six matchs des Pays-Bas au Mondial, et qu'il n'a disputé que 267 minutes des 540 minutes. D'ailleurs, il y a trois semaines, Robben réalisait sa première séance d'entraînement complète.

Néanmoins, en moins de la moitié du temps de jeu de ses coéquipiers, il est devenu une étoile de la Coupe du monde. Sans lui, les Hollandais auraient été en difficulté puisqu'ils éprouvaient des problèmes à remporter leurs matchs tôt dans la compétition.

Robben a touché à son premier ballon lors du dernier match de la phase de groupe de son équipe - contre le Cameroun, à la 73e minute - et il ne lui aura fallu que 10 minutes pour faire la différence dans la rencontre.

Comme il l'a fait si souvent cette saison avec le Bayern de Munich, il a coupé à l'intérieur, a battu les défenseurs et a effectué un tir précis qui a ricoché contre le poteau éloigné du filet. Le ballon s'est ensuite retrouvé aux pieds de Klaas Jan Hunterlaar, qui n'a eu besoin que de le pousser dans une cage béante.

Robben a alors été nommé joueur du match, et a enchaîné avec son premier filet dans la victoire décisive de 2-1 des siens face à la Slovaquie, en deuxième ronde. Malgré ses succès, il dit être encore ennuyé par sa blessure au jarret.

«Je ne suis toujours pas au sommet de ma forme, mais c'est parce que, de temps à autres, je ressens encore de la douleur, a expliqué Robben. Je peux jouer, mais je dois aussi composer avec la douleur.

«Ça s'améliore, mais ce n'est pas la situation idéale.»

Robben ne veut pas s'incliner en finale pour la deuxieme fois de la saison - après celle face à l'Inter Milan en Ligue des Champions - et dit être totalement confortable avec l'idée de devoir l'emporter à tout prix. Cette mentalité avait jadis été rejetée catégoriquement par Johan Cruyff et sa bande à l'âge d'or du football hollandais, dans les années 1970.

«Par le passé, nous entendions constamment parler de la finesse de leur jeu, même s'il n'y avait pas de récompense en bout de la ligne», a confié Robben à propos des résultats de l'équipe hollandaise de football.

«Nous n'avons toujours pas démontré notre meilleur football. Mais nous avons toujours été en mesure de nous en remettre à une bonne organisation.»