Les Brésiliens sont beaucoup moins samba quand leur équipe perd. J'ai vu quelques colères, des vuvuzelas prendre le bord hier, d'autres être carrément brisées en deux, ce qui n'est pas une mauvaise idée.

Si j'ai bien compris, nous ne sommes pas près de revoir l'entraîneur Dunga...

Demandons à un homme pondéré, Eduardo, qui, même s'il était très déçu, gardait la tête froide.

«Les Pays-Bas méritaient de gagner. Ils ont beaucoup mieux ajusté leur jeu pour la deuxième demie. Les Hollandais mériteraient une Coupe du monde, ils sont toujours parmi les meilleurs, mais ne gagnent jamais. Le Brésil a été battu par la meilleure équipe européenne...»

 

Est-ce une surprise, Eduardo?

«Pas pour moi. Dunga a choisi un jeu trop défensif qui n'est pas brésilien. Il faut toujours exploiter le talent offensif. C'est ainsi que les joueurs brésiliens sont plus à l'aise. Aujourd'hui, en plus, il y a eu des erreurs défensives et le gardien n'était pas à son mieux...

«Dans le plan de Dunga, il manquait de volume et de pression à l'avant. Par volume, je veux dire le nombre de joueurs qui pressent et provoquent des erreurs. C'est le style brésilien. Mais le milieu de terrain a été largement dominé et Kaka, un excellent joueur, n'a pas pu s'exprimer dans ce système.»

Sachez que le surnom Dunga vient du nom brésilien d'un des sept nains de Blanche-Neige...

«Oui, ils avaient une équipe avec plusieurs joueurs de petite taille, comme Dunga, et le public leur donnait les noms de lutins de Blanche-Neige...

«Dunga est fini au Brésil. Il s'est disputé avec les médias, avec la principale chaîne de télé brésilienne, Globo, avec le président de la fédération brésilienne, avec les partisans... J'ai trouvé qu'il avait beaucoup de courage, mais il va payer pour ses décisions. Il avait une vision et il a suivi son idée jusqu'à la fin. Maicon a été son meilleur joueur dans ce tournoi... Mais c'est un défenseur.

«En portugais, nous utilisons le mot raça. Ça signifie le désir absolu de vaincre. Je n'ai pas vu de raça aujourd'hui (hier) ...»

On imagine que les Brésiliens dispersés dans le monde entier en discutent encore au moment où vous lisez ces lignes...

Il faut savoir qu'au Brésil, les entraînements complets de la Selaçao sont présentés en direct à la télé.

Les coeurs brisés

Rencontré par hasard sur le trottoir jeudi, Jean Gounelle, ancien collaborateur de La Presse et analyste à la SRC. Je lui ai dit que la SRC nous servait très bien pendant cette Coupe du monde. J'aime bien la décision d'inviter plusieurs analystes et de les présenter en rotation autour de Marie-Josée Turcotte. Ça nous donne plusieurs points de vue différents...

Gounelle m'a dit de surveiller l'Uruguay, «une solide petite équipe» ...

L'Uruguay, un pays d'à peine 3,5 millions d'habitants, est toujours là et il a ébranlé tout un continent hier. Plusieurs entraîneurs qui connaissent le soccer africain parlent d'athlètes et techniciens superbes qui ont par contre du mal à supporter la pression.

Ces gars-là savent de quoi ils parlent, on l'a vu hier.

Deux penaltys ratés ont coulé le dernier pays africain en lice et fait de la peine à des millions de gens dans tout le continent.

Mettez-vous dans les souliers des deux joueurs qui ont raté... l'enfer sur terre.

Jeu de mots

Ce sera au tour du Paraguay aujourd'hui. À propos de cette équipe coriace, dont les experts disent qu'elle est la plus ennuyante de la compétition, un journal français titre: Paraguay Pride, comme dans la parade du Gay Pride, comme ils disent, et qui vient tout juste de se dérouler en France.

La pognez-vous?

Il faut lire des journaux français de ce temps-là... On parle encore des Bleus. Pissant...