Une «audition spectacle», «intéressante» mais sans révélations: les députés français sont restés sur leur faim après l'audition à huis clos, mercredi de Raymond Domenech et de Jean-Pierre Escalettes à l'Assemblée nationale.

Le sélectionneur de l'équipe de France et le président démissionnaire de la Fédération française de football avaient déjà vidé une partie de l'intérêt de l'exercice en réclamant que la commission des Affaires culturelles entende leurs explications sur le fiasco des Bleus au Mondial 2010 à huis clos, à l'abri des médias.

Arrivés et repartis par une porte dérobée après deux heures d'audience, les deux hommes ont d'ailleurs réussi à éviter la centaine de journalistes présents, une affluence inhabituelle pour ce type de réunion parlementaire. Domenech a même ostensiblement détourné les yeux face aux cameramen et photographes durant la première minute de la séance ouverte aux professionnels de l'image.

Opposé avec d'autres élus aux huis clos, le député Lionel Tardy (Majorité) a bien tenté de briser la loi du silence en effectuant des compte-rendus sur le site twitter mais il a été vite rappelé à l'ordre par la présidente de la commission Michèle Tabarot (Majorité).

Il a tout de même eu le temps de rapporter les premiers échanges de l'audition. M. Escalettes a ainsi déclaré que le «modèle associatif pur et dur (de la FFF, ndlr) est dépassé en terme de gestion» et qu'il avait «été confronté à un mur» comme il n'en avait «jamais vu durant 50 ans dans le football» lors de la grève de l'entraînement des joueurs.

Malgré la mise en garde de la FIFA contre toute ingérence politique dans la gestion de la FFF, les députés de la majorité ont défendu le principe même de l'audition pour chercher les raisons de l'échec. Ils se sont en revanche dits déçus par les réponses.

«C'est une séance un peu triste» mais qui a révélé «de nombreux dysfonctionnement de gouvernance et de management», a ainsi estimé le président du groupe de la Majorité (UMP) à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, plaidant pour «moderniser la gouvernance de cette fédération de manière générale».

Les députés de l'opposition étaient encore plus remontés.

«On a été éliminés parce que nous avions 23 enfants gâtés qui ne touchaient plus terre. Je trouve inadmissible que nous ayons fait cette réunion à huis clos alors que la presse devait être informée de l'ensemble des débats», a expliqué Patrick Roy.

Patrick Bloche a regretté que l'audition soit «restée dans l'anecdote, le contexte. Sur les raisons qui ont conduit à ce climat, on n'a pas eu de réponse de fond».

Et maintenant? La présidente Michèle Tabarot a indiqué que la commission allait poursuivre «ses auditions pour faire des propositions à la rentrée».