Mauvaise année pour la Grèce.

Après tous les tourments - économiques, politiques et sociaux - rencontrés en 2010, le pays de Demis Roussos aurait bien pris une ronde de plus au Mondial.

Autant dire que les espoirs étaient grands, hier après-midi au bar Next Door, dans le quartier Parc-Extension. Une victoire contre l'Argentine, combinée à un résultat favorable du match Nigeria-Corée, et tout devenait possible.

«Si on gagne aujourd'hui, les gens vont oublier tous les problèmes du printemps, nous expliquait Dimitri. Pas seulement en Grèce, mais aussi ici. Parce que nous avons tous de la famille, des confrères ou des amis qui vivent là-bas. Ça va les motiver et leur redonner le sourire.»

Comme tous ses potes, Dimitri portait hier le maillot bleu et blanc de l'équipe nationale. Comme tous ses potes, il avait décidé de prendre la journée de congé pour assister à ce match important. «Je me suis arrangé pour aller au médecin ce matin et ne pas revenir au bureau. Mais si mon boss me voit ici, je suis cuit!» a-t-il avoué, en implorant de ne pas publier son nom de famille.

Il faut savoir que la Grèce ne joue pas très souvent dans la cour des grands. Malgré sa victoire à l'Euro en 2004, le club n'en était qu'à sa seconde participation à la Coupe du monde, sa première depuis 1994. Véritable négligé, sa victoire contre l'Argentine était pour le moins improbable. Mais Dimitri et ses chums avaient quand même décidé de garder la foi. «On est des passionnés, a rajouté Dimitri. On y croit toujours, même si on est les pires au monde.»

La passion aura été de courte durée hier au Next Door. Il y a bien eu quelque soubresauts en deuxième demie, alors que le compte était toujours 0 à 0. La bière et les cafés frappés aidant, le ton a monté d'un cran. Plusieurs suivaient le déroulement du match Corée-Nigeria sur leurs iPhones en calculant toutes les possibilités. Mais à la 77e minute, quand l'Argentine a compté son premier but, un silence de mort s'est abattu sur le bar.

Au deuxième but, tout le monde savait que c'était fini. «Telos», comme disent les Grecs, quand les carottes sont cuites. Mais étrangement, la bonne humeur est vite revenue. Malgré l'élimination, l'honneur était sauf. Ou presque.

«On a compté deux buts et on a gagné un match (contre le Nigeria). On peut être fiers, a lancé Helias, venu de Pierrefonds rien que pour écouter le match dans le quartier grec. C'est déjà mieux qu'en 1994...»