Ibrahima Touré, un mordu de football qui réside à Montreuil, en banlieue de Paris, pensait que le Mondial de cette année serait «une fête». Mais le psychodrame secouant l'équipe de France gâche son plaisir.

«On passe plus de temps à se demander qui va intervenir dans le prochain épisode du feuilleton qu'à regarder ce qui se passe sur le terrain. On dirait de la téléréalité», s'emporte l'homme de 27 ans, interrogé tard hier soir après une nouvelle journée de rebondissements rocambolesques.

«Je trouve que c'est embarrassant pour la France. Nous sommes une nation très respectée et voilà qu'on se retrouve sous les projecteurs pour des futilités», indique M. Touré, reprenant un sentiment largement partagé par les amateurs de ballon rond.

Bien qu'il comprenne que les joueurs aient voulu exprimer leur solidarité avec l'attaquant Nicolas Anelka, renvoyé du Mondial pour avoir insulté l'entraîneur de l'équipe nationale, Raymond Domenech, il en veut surtout à la Fédération française de football.

«La fédération a fait tout et n'importe quoi au cours des dernières années en maintenant Domenech en poste. On savait que ce n'était pas l'homme de la situation», souligne-t-il.

Les anciens n'y croient pas

L'indignation populaire, et l'embarras sous-jacent, étaient largement relayés hier soir par d'ex-joueurs de l'équipe de France championne du Mondial 1998.

L'un d'eux, Franck Leboeuf, parlait sur les ondes de la chaîne privée TF1 d'une «honte nationale», voire même d'une «honte mondiale».

Bixente Lizarazu, un autre joueur champion qui s'est reconverti en commentateur sportif, a dit qu'il avait l'impression de se retrouver dans un «asile de fous».

«Il est temps que l'avion se crashe, que la bête soit abattue... Il me tarde qu'on puisse en finir avec tout ça», a relevé l'ancien défenseur vedette, très énervé.

La classe politique s'est aussi mise de la partie depuis samedi, chacun y allant de sa petite sortie sur la performance de l'équipe nationale et l'altercation survenue entre l'entraîneur et l'attaquant expulsé.

Même le président, Nicolas Sarkozy, a abordé le sujet en relevant que le comportement de Nicolas Anelka était «inadmissible».

La ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot, qui doit rencontrer Raymond Domenech ce matin en Afrique du Sud pour faire le point, a souligné dans un communiqué que les joueurs devaient se rappeler qu'ils sont considérés «comme des modèles par beaucoup de jeunes».

La vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, a réclamé pour sa part la démission de Mme Bachelot «en raison de l'humiliation mondiale que subit», selon elle, la nation française.