Frères d'armes sur le front afghan, soldats américains et anglais ne jouaient plus dans le même camp samedi soir. Mais le match nul entre leurs équipes au Mondial de football, diffusé sur écran géant au milieu d'un camp de l'Otan à Kandahar, les a tous laissés sur leur faim.

Loin de l'ambiance électrique des pubs bondés où la bière coule à flot, les supporteurs, tenue camouflage, s'étaient rassemblés à 23 heures locales pour assister au match à la belle étoile, pop corn et bouteilles d'eau minérale en main, bravant un vent chargé de sable.

«Sur Facebook, je dis que j'aimerais boire une bonne mousse ce soir. Mais c'est pas si mal ici, au moins, ils diffusent le match», assure le sergent britannique Steven McNally, cerné avec ses trois compatriotes par une cinquantaine d'Américains.

Sur le camp Nathan Smith, dans la capitale du sud afghan, le foot ne promettait pourtant pas de mobiliser, faute d'intérêt des principaux pensionnaires: les Canadiens, grands fans de hockey, n'ont pas d'équipe en lice au Mondial. Quant aux Américains, ils ne parlent généralement pas du même «football» que le reste du monde.

«Je ne savais pas qu'il y avait une Coupe du monde de football américain», s'étonne sincèrement l'un d'entre eux, quelques heures avant la confrontation Etats-Unis-Angleterre en Afrique du Sud.

Juste avant le coup d'envoi, American Forces Network, la chaîne des militaires américains déployés à l'étranger, rappelle tous les soldats à leur devoir: «Que vous soyez Anglais ou Américains, votre pays a besoin de vous!».

Au premier but, marqué par les Anglais au bout de quatre minutes de jeu, les soldats britanniques exultent devant leurs camarades américains sans voix.

«Ça fait mal..», commente une recrue de l'US Army, dépitée.

D'autres hésitent encore à choisir leur camp.

«J'ai vécu en Angleterre pendant deux ans et je jouais au foot là-bas», explique le lieutenant américain Stuart Anderson, du 504e bataillon de police militaire, chargé de former la police afghane.

«D'un autre côté, je suis en Afghanistan, à me battre pour mon pays, donc j'ai l'impression que mon équipe me doit une victoire», dit-il, mitraillette en bandoulière.

Sur une grossière erreur du gardien de but anglais Robert Green, accueillie par des rires étonnés côté américain, les Etats-Unis égalisent (1-1).

Au coup de sifflet final, vers 1 heure du matin, les soldats de l'Otan regagnent sagement leurs dortoirs, un peu frustrés.

«C'était un coup de chance, moi je voulais une vraie victoire dont on puisse être fiers. Mais ça allait, c'était pas mal», lâche le soldat Kelvin Fox, de la 82e division aéroportée.

«Les États-Unis jouent vraiment bien. L'Angleterre n'était pas bonne ce soir», commente de son côté le sergent britannique McNally. «Mais on va se qualifier!"