L'Afrique du Sud a donné vendredi le coup d'envoi du Mondial de soccer avec un spectacle aux couleurs du continent mais sans son premier président noir, Nelson Mandela, privé de la fête par un décès dans sa famille.

Baobabs, peaux de bête, pagnes colorés, danseurs endiablés et des artistes venus des six pays africains sélectionnés pour la compétition ont donné le ton de cette première Coupe du monde sur le continent noir à partir de 14h (8h heure de Montréal) au stade de Soccer City de Johannesburg.

Deux heures plus tard, les joueurs de l'Afrique du Sud, les Bafana Bafana («garçons» en zoulou), et ceux du Mexique sont entrés dans le vif du sujet en donnant le coup d'envoi de la compétition.

Ne manquait à l'affiche que le héros de la liberté, Nelson Mandela, qui a renoncé à être de la partie après le décès d'une de ses arrière-petites-filles, Zenani Mandela, 13 ans, tuée dans la nuit dans un accident de voiture.

L'adolescente est morte alors qu'elle rentrait d'un méga-concert à Soweto, qui avait lancé les festivités officielles du Mondial jeudi soir. Le conducteur de la voiture dans laquelle elle se trouvait a été arrêté et inculpé pour conduite en état d'ivresse.

En raison de cette tragédie personnelle, le Nobel de la Paix a renoncé à venir dans le stade de Soccer City, qui se dresse dans le no man's land entre Johannesburg et l'immense township de Soweto. Malgré tout, son esprit a flotté dans les rangs des dizaines de milliers de supporteurs présents dans les tribunes.

Dans un clip vidéo projeté au milieu d'une chanson qu'il adore, Hope (Espoir), l'icône planétaire a appellé les fans à ne jamais baisser les bras et à «surmonter l'adversité».

Le président de la FIFA, Joseph Blatter, lui a transmis ses condoléances: «Toute la famille du football partage votre deuil», a-t-il dit.

Nelson Mandela, bientôt 92 ans, est l'un des artisans de l'attribution de la Coupe du monde à son pays, qui compte en profiter pour démontrer les progrès enregistrés depuis la chute de l'apartheid en 1994. Et plus largement pour changer l'image du continent.

«La Coupe du monde doit montrer au reste de la planète la beauté des paysages et de l'humanité, les progrès et l'esprit dynamique de notre continent», a déclaré le chef de l'État sud-africain Jacob Zuma en accueillant une vingtaine de ses pairs pour l'événement.

Dirigeants et dignitaires de la FIFA se trouvaient dans les gradins quand des avions militaires ont survolé le stade pour marquer le lancement de la grand-messe sportive.

En revanche, près de la moitié des 85 000 détenteurs de billets ont manqué tout ou partie de la cérémonie d'ouverture, en raison de problèmes de transport et des contrôles de sécurité scrupuleux.

Les rues de la capitale économique étaient bloqués sur des kilomètres à la mi-journée et le système de transport publics mis en place pour acheminer les fans jusqu'au stade a saturé.

«Je suis extrêmement déçu», se plaignait Methobane Lebelo, 30 ans, dont le vuvuzela n'a animé que les quais de la gare pricipale de Johannesburg.

Mais le jeune homme, drapé dans un drapeau aux couleurs de la nation arc-en-ciel, a reconnu sa part de responsabilité: «Je suis parti trop tard de chez moi». Un travers très courant en Afrique du Sud, où les stades du championnat national ne se remplissent souvent qu'en cours de match.

Pour empêcher que criminels, terroristes ou hooligans ne se glissent en douce dans l'enceinte de Soccer City, la police avait renforcé les contrôles.

«Nous sommes en état d'alerte maximale», a expliqué son chef Bheki Cele, lors d'un dernier briefing aux 34 000 agents mobilisés.

Dans la soirée, l'attention se déplacera autour du stade de Green Point au Cap pour le match France-Uruguay, qui débute à 20h30 (14h30 heure de Montréal).