Dans une Grèce où le métier d'entraîneur mène souvent droit au chômage, l'Allemand Otto Rehhagel, sacré «Roi Otto» en remportant l'Euro-2004, a étendu son règne depuis sa prise de fonctions comme sélectionneur national en 2001 jusqu'à disputer, à 71 ans, son premier Mondial.

Même les entraîneurs de club n'ont jamais tenu la barre aussi longtemps. Rehhagel devrait même la tenir encore à l'issue de la Coupe du monde, selon le souhait de la Fédération grecque.

C'est l'un des entraîneurs allemands à la plus grande longévité. En Bundesliga, il détient de loin le record de matches passés sur le banc (820) et il y a tout gagné, notamment avec le Werder Brême (1981-1995). Sauf la Ligue des champions.

Mais le sommet européen, il le connaît en 2004 lorsqu'il mène la Grèce à une victoire surprise en battant en finale le Portugal (1-0) de Figo, pourtant organisateur de l'Euro.

Outsider, l'équipe hellène, qui a éliminé la France et la République tchèque, joue avec ses forces: un plan de jeu rigoureux, des milieux travailleurs et des contre-attaques conclues par Charisteas. Déjà en Allemagne, Rehhagel avait théorisé son système de «l'offensive contrôlée».

Mais peu importe la frilosité tactique: le coup de Lisbonne est un coup de maître. Rehhagel devient le «Roi Otto» (clin d'oeil au monarque bavarois du même nom qui a dirigé le pays au XIXe siècle) et même «Rehakles» en référence au héros de l'Antiquité Héraclès.

«Rendre les Grecs fiers»

Des griseries qui semblent désormais bien antiques. Les Hellènes sont vite redescendus de leur nuage, au gré d'une désastreuse Coupe des Confédérations 2005, d'un échec dans les qualifications pour le Mondial-2006 et d'un fiasco à l'Euro-2008.

Le voyage en Afrique du Sud a longtemps été hypothéqué en qualifications dans un groupe pourtant peu relevé (Suisse, Lettonie, Israël, Luxembourg, Moldavie). Mais contre les pronostics et malgré un match nul (0-0) à domicile en barrage aller, la Grèce arrache son billet pour le Mondial en s'imposant (1-0) au retour en Ukraine, dans la froidure de Donetsk.

La couronne du Roi Otto vacillait sérieusement, sous le coup des critiques lancées par les médias grecs sur son style de jeu toujours aussi peu convaincant (même si son attaquant Gekas a fini meilleur buteur de la zone Europe avec dix réalisations). Toujours est-il qu'il a qualifié la sélection pour sa troisième phase finale en neuf ans.

Et la Grèce ira encore dans la peau de l'outsider, dans un groupe B comprenant l'Argentine, le Nigeria et la Corée du Sud. «L'Argentine sera le grand favori du groupe, assure le technicien allemand. C'est une équipe très bonne et ennuyante à jouer. Il est tout simplement honnête de dire que les trois autres équipes viseront la deuxième place».

«Nous devrons bien commencer et travailler dur pour rester en Afrique du Sud après le premier tour, ce qui est notre objectif, poursuit-il. Notre but est de rendre les Grecs fiers une nouvelle fois».