La Côte d'Ivoire, sortie dimanche par la petite porte de la CAN-2010, paie une nouvelle fois son incapacité chronique à dégager un collectif au niveau de ses individualités et le Mondial-2010 sera l'ultime occasion d'éviter le gâchis complet pour cette génération dorée.

«On était venu avec de grands espoirs et comme à chaque fois la Côte d'Ivoire s'est ratée, a commencé à analyser Vahid Halilhodzic, abattu. Au niveau psychologique, on n'est peut-être pas allé jusqu'au bout. J'avais senti qu'il y avait un poids que tous n'ont pas pu assumer».

Le sélectionneur a semblé impuissant, reconnaissant qu'il n'avait «pas toutes les réponses».

«On a pas mal de choses à se reprocher, a semblé lui répondre Didier Drogba, éteint. On est à chaud, on ne va pas prendre des décisions, dire des choses, mais il faudra analyser ça et se tourner vers le Mondial».

Comment cet empilage de joueurs majeurs en Europe peut-il se prendre systématiquement les pieds dans le tapis quand vient l'heure de moissonner? Et surtout, comment pourrait-il en être autrement en Afrique du Sud si une réflexion globale n'est pas menée?

Drogba, qui s'est battu contre lui-même depuis le début, et Yaya Touré, au niveau seulement dimanche malgré la défaite (2-3), possèdent une partie de la solution. L'échec du groupe est aussi le leur, car ce sont eux, les rois des Éléphants, qui doivent donner le tempo.

L'entraîneur ne peut pas non plus s'exonérer de ses responsabilités, lui qui a imposé un 4-3-3 privilégiant la contre-attaque à une équipe qui aime tenir le ballon et étouffer son adversaire.

Un problème «de mental»

Avec ce schéma, avec ces joueurs, les Ivoiriens se sont contentés d'accélérer par à-coups, incapables de former un bloc compact comme celui des Fennecs.

Leur jeu s'est souvent résumé à des remontées de balles de Kalou ou Gervinho, qui ont ensuite fait preuve d'un grand déchet devant le but... déserté par un Drogba trentenaire et esseulé qui n'est plus habitué à s'agiter autant sur le front.

En offrant deux buts identiques à l'adversaire, Bamba a également montré l'hétérogénéité d'un groupe nettement moins riche en talents défensifs qu'offensifs...

«On a cinq-six joueurs très grands mais on a perdu les duels. Ce n'est pas un problème de qualité mais de mental», constate encore Halilhodzic.

Présentés comme des vedettes, ses joueurs ont-ils joué les starlettes? Ce ne peut plus être un hasard si ces hommes qui gagnent tout en club à l'étranger n'ont rien ramené en sélection, où ils sont particulièrement attendus...

«Il a manqué un peu de tout: de tactique, de mental», se mouille Salomon Kalou. L'Algérie avait plus envie que nous et on leur a laissé le jeu. Tactiquement, il ne fallait pas reculer».

L'équipe bénéficie de circonstances atténuantes, sa préparation ayant été perturbée par la fusillade du car du Togo, un drame qui a traumatisé l'ultra-sensible Drogba, qui s'est vu en cible idéale pour les guérilleros cabindais.

Mais les Éléphants devront faire mieux, beaucoup mieux, en Afrique du Sud, car là-bas les attendent le Brésil et le Portugal...