Cet après-midi au Stade Saputo, l'Impact essaiera de protéger son avance d'un but pour vaincre les champions défendant de la USL, les Whitecaps de Vancouver, et gagner la coupe pour la troisième fois. L'équipe habille-t-elle présentement le meilleur alignement de son histoire?

Le propriétaire Joey Saputo, le directeur technique Nick de Santis et le capitaine Mauro Biello, tous avec l'équipe depuis ses débuts en 1993, hésitent. Ils répondent la même chose: «Difficile de comparer».

Mauro Biello chasse un sourire avant de répondre. «Écoute, 2004 aussi, c'était une très bonne équipe, mais peut être qu'on a plus de profondeur cette année.»

«Sur papier, l'équipe de 1995 (17-7) était très bonne, ajoute Joey Saputo. On avait des gars comme (Paul) Dougherty et Paulinho, des joueurs exceptionnels. Alors je ne sais pas.»

Essayons de les aider. Si on se fie seulement aux chiffres, il semble que la réponse soit non. L'Impact a gagné deux fois le Championnat de sa ligue, en 1994 et en 2004. Il a aussi terminé sept fois au sommet du classement de la saison régulière (95, 96, 97,03, 04, 05 et 06).

Cette année, le onze montréalais s'est contenté d'une cinquième place au classement avec une fiche ordinaire (12-11-7).

Deux facteurs rendent cependant difficile la comparaison de ces chiffres.

Le premier, les changements dans la ligue. Le nombre et la qualité des équipes ont beaucoup fluctué depuis 1993. Par exemple, la ligue ne comptait que quatre équipes en 2002, et 12 l'année dernière.

Le deuxième, les changements au sein même de l'Impact cette saison. Quand on regarde sa fiche en 2009, on regarde la fiche combinée de différentes moutures de l'équipe. Celle avant et celle après le nouveau système de jeu à deux attaquants. Et celle avant et celle après les changements dans le vestiaire, avec l'arrivée de Marc Dos Santos le 14 mai et le départ de joueurs comme Sandro Grande, coupable d'avoir étranglé son capitaine en plein match à Minnesota.

Les résultats sont venus graduellement, mais ils sont aujourd'hui indéniables. À ses 10 derniers matchs (saison et éliminatoires), l'Impact a une fiche de 8-1-1. Que dire de cet Impact-là par rapport aux autres alignements de l'histoire?

Les principaux intéressés s'entendent sur trois points: rare contrôle en milieu de terrain, jeu plus offensif et moral comparable à celui des meilleures années. «Notre style est moins défensif, observe le vétéran Nevio Pizzolitto, avec l'équipe depuis 1994. Les matchs 1-0 arrivent moins souvent. Depuis le milieu de l'été, on compte plus.» «On dit souvent que la défense gagne les championnats, ajoute Nick de Santis. C'était vrai avant avec l'Impact. Mais cette année, marquer des buts ne nous nuit pas...»

En jouant à deux attaquants, les chances de marquer ont augmenté. C'est par exemple sous ce système que le rapide Peter Byers s'est révélé en fin de saison, et que le vétéran Eduardo Sebrango a recommencé à marquer dans les moments cruciaux.

«Le jeu collectif est peut être aussi un des meilleurs de notre histoire, estime Mauro Biello. On contrôle le match avec nos milieux de terrain, on positionne vraiment bien le ballon. Ça donne un gros avantage contre les défensives serrées.»

Charles Gbeke, meilleur marqueur de l'Impact en 2007 et aujourd'hui attaquant des Whitecaps, remarque la même chose. «L'Impact d'aujourd'hui est meilleur que l'Impact pour qui je jouais. Ils sont rendus très forts en milieu de terrain avec des gars comme Testo (joueur de l'année de Montréal en 2009), ils créent plus de chances.»

L'impondérable

Et l'esprit d'équipe? La dureté du «mental collectif» n'aurait rien à envier aux éditions précédentes, assure Nick de Santis.

«Oui, il y a eu beaucoup de moments difficiles. Mais on y a survécu, et ça nous a rendus plus forts. Notre groupe est rendu aussi solide que celui qui a gagné la coupe en 2004.» Mauro Biello compare aussi l'ambiance à celle en 2004.

Comment cela se ressent sur le terrain? «Si tu fais une erreur, tu sais qu'un coéquipier va te couvrir, explique Nevio Pizzolitto. Ce n'était pas le cas au début de la saison. Quand l'équipe est confiante, les joueurs sont confiants, et tout va mieux.»

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Les meilleures formations de l'Impact

Rang/Fiche/buts pour/buts contre/meilleur buteur

1994 - 3e/12-8-0/27/18/Jean Harbor (8)

2004 - 1er/17-6-5/36/15/Eduardo Sebrango et Fred Commodore (8)

2008 - 3e/12-12-6/33/28/Roberto Brown (4)

2009 - 5e/12-11-7/ 32/31/Roberto Brown (7)

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L'effet Dos Santos?

C'est sous les commandes de John Limniatis que l'Impact s'est rendu en quart-de-finale de la CONCACAF en mars dernier. N'empêche que l'organisation répète que depuis le remplacement de Limniatis par Marc Dos Santos le 14 mai dernier, l'ambiance s'est améliorée, lentement mais sûrement. Cela se traduit-il vraiment sur papier? Il semble que oui. Mais il a fallu attendre septembre pour que l'équipe prenne véritablement son envol.

> 2009 avec Limniatis: 0-3-1/4/7

> 2009 avec Dos Santos: 12-8-6/28/24

> Depuis septembre (saison régulière et éliminatoires): 8-1-1/16/9