Le vent commence-t-il à tourner? L'Impact vient enfin de gagner une deuxième victoire consécutive hier au stade Saputo en défaisant 2-0 la pire équipe de la ligue, les Aztex d'Austin.

Même si l'Impact menait 1-0 après la première demie, l'entraîneur-chef Marc Dos Santos ne jubilait pas. Qu'a-t-il alors dit dans le vestiaire? «Est-ce que je peux redire des mauvais mots ici?» a-t-il répondu.

«Non, je n'en ai pas dit, a-t-il modéré ensuite. Je n'ai rien cassé, mais tout le monde a compris que ce n'était pas assez et qu'il fallait faire plus attention. Le danger contre une équipe de dernière place, c'est d'entrer dans une zone de confort, et ça nous est arrivé.»

Austin semblait une proie facile. Les locataires du sous-sol de la USL n'ont même pas habillé leurs deux meilleurs pointeurs, Edward Johnson (suspension automatique) et Yordany Alvarez (déserteur cubain interdit de voyage).

Ce fut finalement un match en dents de scie. Parfois même bizarre. Cédric Joqueviel ressemblait hier à Archimède dans un vieux sketch de Monty Python. À la dernière minute d'un match absurde opposant les Allemands aux Grecs, Archimède avait soudainement eu une idée: prendre le ballon, courir et tirer. Même illumination du défenseur français, pour sa part à la 23e minute. Après un début de match au ralenti pour tous, il a décidé de changer de vitesse, déjouer un adversaire, se faufiler entre deux autres, s'avancer à quelques mètres du gardien puis tirer et compter son premier but en carrière avec Montréal.

Cela a fouetté les siens pour huit ou 10 minutes. La meilleure équipe sur papier l'est devenue alors aussi sur le terrain. Puis elle est retournée en mode «pilote automatique», avec la nonchalance et les risques de cafouillage que cela suppose.

L'Impact a parfois peiné à organiser l'attaque depuis le milieu de terrain, et a laissé les Aztex pénétrer trop souvent dans sa surface de réparation. Le gardien Matt Jordan a paru par moments excédé, comme l'a prouvé sa crisette contre ses défenseurs.

Dos Santos partageait son impatience après le match. Satisfait de l'intensité? «Non. Non, mais on était il y a quelques jours à Porto Rico, où on a joué un match difficile. On a ensuite voyagé à Cleveland, avec 13 heures de vol et d'aéroport, et on est revenus deux jours après» a-t-il justifié.

L'Impact a manqué quelques bonnes chances en deuxième demie. Roberto Brown a lobé son tir de pénalité par-dessus le gardien. Le ballon a frappé la barre transversale, et Sebrango a failli compter de la tête sur le retour.

Austin est ensuite passé à quelques pouces de glacer le stade Saputo. À la 85e minute, Alexandre Jean a lui aussi frappé la barre transversale avec un tir puissant. «Je croyais revoir un mauvais film», a raconté Dos Santos, référant au but crève-coeur encaissé en fin de match contre Miami.

C'est finalement l'Impact qui a compté à la toute fin. Peter Byers, en remplacement de Roberto Brown, a justifié sa présence avec un deuxième but en deux matchs. L'Antiguais, qui essaie de devenir titulaire, a marqué lors des minutes de temps ajouté. Fébrile, il a enlevé son chandail et a pirouetté dans les airs, ce qui lui a mérité un carton jaune. «Ça valait la peine», a-t-il assuré, tout sourire.

Avec ses trois points, l'Impact a consolidé sa sixième place au classement, désormais deux points derrière Rochester, et quatre devant Vancouver. L'équipe amorcera le dernier droit de la saison dimanche prochain en recevant les RailHawks de la Caroline.