Si une bonne défaite existe, l'Impact vient d'en subir une. Il s'est incliné 2-1 hier contre les champions de France, les Girondins de Bordeaux. Il s'agissait d'un match hors-concours, mais le onze montréalais et ses 11 948 partisans affichaient une rare forme.

Beaucoup plus que lors des matchs réguliers. «Les joueurs devraient être fiers, a lancé l'entraîneur-chef Marc Dos Santos. Mais ils m'énervent aussi, les joueurs. Ils doivent comprendre que cette intensité doit être là chaque jour. Pas seulement quand ça leur tente. C'est important qu'ils commencent à le comprendre. Si on joue toujours comme cela, on sera extrêmement difficile à battre dans notre ligue.»

Bordeaux, c'est un peu plus glorieux que les Rhinos de Rochester. Dos Santos a reconnu le danger que l'équipe perde sa motivation dans ses prochains matchs en USL. «Il faut réaliser que les équipes de la USL ne sont pas n'importe qui. Il y a de la qualité dans notre ligue.»

Le FC de Bordeaux n'était pas le même qu'on a vu samedi au Stade olympique. Les champions n'ont pas pris le risque de faire joueur leurs trois meilleurs buteurs, Marouane Chamakh, Fernando Cavenaghi (13 buts chacun) et Yoann Gourcuff (12 buts). «Leurs joueurs de réserve restent des joueurs de haut niveau, a modéré Dos Santos. Et ils voulaient se prouver à leur entraîneur (Laurent Blanc). Je ne pense pas qu'ils ont mis la pédale douce. Ils ont joué leur meilleur match possible.»

Les Girondins ont poliment dominé le début de la rencontre. L'équipe contrôlait patiemment le ballon, enchaînant les passes précises en attendant une ouverture. Un peu sur le pilote automatique. Puis ce qui devait arriver arriva. À la 36e minute, après quatre passes courtes et rapides, Henri Saivet a marqué avec un tir précis sur le poteau intérieur. Le pauvre gardien Matt Jordan, de retour après quatre matchs d'absence, n'avait aucune chance.

L'Impact restait profondément en défense. Il peinait à avancer le ballon. La stratégie était la contre-attaque, mais les passes étaient longues et souvent imprécises. Après une demie, Bordeaux menait 6-2 aux tirs au but.

Les esprits se sont un peu échauffés en deuxième demie. Ciaran O'Brien est passé à quelques pouces d'imprimer sa main dans le visage de Fernando Menegazzo, qui venait de lui donner du genou. Cela a semblé fouetter O'Brien. Quelques minutes plus tard, sa passe profonde a rejoint Donatelli, qui a glissé le ballon sous le bras du cerbère français. C'était soudainement l'égalité. «L'ambiance nous motivait énormément, a raconté O'Brien après le match. Je ne me souviens pas d'avoir autant couru. Perdre 2-1, c'est nul, mais en même temps, on a bien joué.»

Les champions de France ont ensuite inscrit le but gagnant avec un autre précis jeu de passes, de Plasil à Ferreira à Gouffran, étourdissant Matt Jordan. On a presque cru que l'Impact nivellerait la marque. Un boulet de Pierre-Rudolph Mayard a failli lui procurer une nulle, mais la logique a prévalu.

Il s'agissait du quatrième match en seulement 10 jours pour l'Impact. Comment se compare l'équipe à celles de France? Laurent Blanc s'est montré évasif. «Il est difficile de comparer le jeu de l'Impact au jeu européen, a-t-il répondu. L'Impact aurait une place dans une ligue en France, mais pour en être sûr, il faudrait qu'ils jouent plus souvent contre des équipes de France. Mais ils ont démontré qu'ils ont un beau public et un bon stade, c'est déjà pas mal.»

Il s'agit de deux mondes parallèles. Marc Dos Santos le reconnaît. «Quand tu penses à un gars comme Gourcuff qui gagne 400 000 euros par mois... Je ne dirais pas ce que ça représente de notre budget, mais disons qu'on affrontait un grand adversaire. Je suis fier de notre jeu. Si nous avions obtenu une nulle, je ne pense pas que nous l'aurions volé.»