Impensable il y a seulement un mois, le départ d'Arsène Wenger d'Arsenal est désormais ouvertement évoqué en Angleterre après une nouvelle saison décevante, au moment où les médias britanniques et espagnols font état de l'intérêt croissant du Real Madrid pour l'Alsacien.

Les banderoles «In Arsène we trust» (Nous croyons en Arsène) se raréfient dans les travées occupées par les supporters des Gunners. Treize ans d'amour, jalonnés de trois titres en Premier League, quatre Cups, deux finales européennes perdues (C3 2000 et C1 2006) et surtout une réputation mondiale de beau jeu, pourraient prendre fin.

Sur leurs sites de discussion, de plus en plus de supporters remettent ouvertement en cause leur héros d'hier.

Car Arsenal n'a rien gagné depuis une Cup un peu miraculeuse (aux tirs au but contre Manchester United) en 2005, et il vient d'être balayé par ManU (0-1/1-3 en demies de C1) et Chelsea (1-4 en championnat) en dix jours.

Le Français a reconnu avoir été refroidi par l'accueil qui lui a été réservé lors d'une réunion avec supporters et actionnaires la semaine dernière: lui fait-on vraiment confiance pour gagner à nouveau quelque chose «dans les deux ans», comme il l'a promis?

«Si nous ne réussissons pas d'ici un ou deux ans, je serai responsable, alors vous pourrez dire que ce n'était pas la bonne méthode», avait dit Wenger.Prestige intact

Touché par cette défiance qu'il juge «ridicule» («J'ai l'impression d'avoir tué quelqu'un»), Wenger a peut-être envoyé un message à ses détracteurs en évoquant l'intérêt que lui porte Florentino Perez, favori pour redevenir président du Real Madrid, façon «Galactiques».

Il a seulement relevé l'évidence, que le projet de Perez (les «Galacticos II», avec, peut-être, Cristiano Ronaldo, Kaka, Ribéry...) intéresserait n'importe quel entraîneur. Mais les déclarations embarrassées de l'Alsacien («Vous me permettez de rester discret sur le sujet», «En général je vais au bout de mes contrats») laissent ouverte la possibilité de le voir quitter Londres avant la fin de son engagement (2010).

Peut-être Wenger, 59 ans, veut-il envoyer un message aux actionnaires du club, qui lui ont dit qu'il n'aurait que 15 millions de Livres pour recruter cet été, soit moins que les autres membres du «Big Four», déjà mieux armés. «Achetez-moi des stars ou je fais un malheur», en quelque sorte...

Il se retrouve également au coeur de la bagarre interne pour la prise du contrôle du club, qu'ont engagée les deux principaux actionnaires, Stan Kroenke et Alisher Usmanov.

Avec l'appui des propriétaires historiques britanniques du club, l'Américain a toujours défendu Wenger. Le Russo-ouzbèke est, lui, beaucoup plus mesuré. Dans sa première prise de position significative depuis son entrée dans le capital des Gunners, il a demandé des recrutements, auxquels Wenger répugne, pour bâtir «un banc bien plus fort» à l'image de celui de Manchester United.

Wenger se défend en assurant qu'il fait le maximum avec les moyens dont il dispose: quatrième du championnat et demi-finaliste de la C1. L'intérêt du Real prouve au moins que son prestige reste intact.