Ceux qui croyaient que l'Impact de Montréal formait une équipe dont la base de spectateurs était composée d'une petite clique de fans irréductibles et de pratiquants du soccer qui soutiennent leur équipe locale en dilettante devront se raviser.

Il y avait de l'atmosphère dans le Stade olympique, mercredi, à l'occasion du match de quarts de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF face au club mexicain Santos Laguna. Chose qu'on n'avait pas vue à cet endroit, pour un match d'un club local de soccer du moins, depuis l'époque du Manic. C'était au début des années 1980.

La petite équipe qui peinait à attirer 5000 amateurs, il n'y a pas si longtemps, a joué devant plus de 50 000 spectateurs, mercredi. L'Impact a ainsi ravivé les souvenirs de ceux qui ont vécu ce légendaire match disputé devant 58 542 amateurs, en 1981, entre le Manic et le Sting de Chicago.

Et même s'il y avait plusieurs personnes, parmi ces 50 000 spectateurs, qui voyaient pour la première fois en personne un match de l'Impact et qui s'étaient déplacés principalement pour «assister» à un «événement», ils ne sont pas restés assis sur leurs mains. Ils ont décidé de faire partie de la fête.

Fête qui a été animée par les Ultras de l'Impact postés derrière le but de Matt Jordan. Ceux-ci avaient amené des drapeaux blancs et bleus, qu'ils faisaient danser à l'unisson au-dessus de leurs têtes. Mais il y avait aussi du bleu - du bleu Impact - dans toutes les sections du stade.

Ce qui fait que les Ultras n'ont pas été les seuls à applaudir chaudement l'équipe à son entrée sur le terrain. Puis, après le coup d'envoi, à applaudir chacune des belles actions du onze montréalais, même les plus routinières. Applaudissements qui ont redoublé d'intensité à l'occasion du premier coup de coin accordé à la troupe de John Limniatis. Puis triplé quand Eduardo Sebrango a marqué à la cinquième minute de jeu.

Ont suivi les Olé! Olé! Olé! Il n'en fallait pas plus pour que le Stade soit réchauffé.

Puis, quand le tempo du match s'est calmé, les gens ont applaudi de façon rythmée pour tenter d'encourager l'équipe locale. Ils ont même fait la vague. Certains ont crié leur déception à la suite d'un tir imprécis d'un attaquant montréalais

La preuve a donc été faite, mercredi: l'Impact a beau évoluer dans un soccer relativement «mineur», la USL, les amateurs de foot du Québec ne voient pas leur équipe de la même manière. Quand l'événement en vaut la peine, ils sont au rendez-vous - quantitativement et qualitativement.

De quoi surprendre même les plus convaincus des apôtres du soccer.

«Oui, je suis surpris que ce match ait suscité un tel engouement, a reconnu Jonathan Lahaie, un membre des Ultras. Mais ça montre à quel point il y a une passion pour le soccer ici.»

Une première

Une passion qu'on avait bien cachée. Et qui a eu besoin de l'excuse d'un match international d'envergure pour monter à la surface.

Martin Guimond, 34 ans, assistait à son premier match de foot depuis l'époque du Manic. Il avait alors six ou sept ans. Employé dans un resto-bar, ce sont des fanatiques de soccer, qui exigeaient toujours qu'on présente du foot sur l'écran géant dans son établissement, qui lui ont parlé du match.

«Ils m'ont dit que c'était le plus gros match à être disputé à Montréal depuis le temps du Manic, que c'était une occasion à ne pas rater», a raconté Guimond.

«J'ai toujours joué au soccer. Mais même si c'est un sport que je pratiquais, ce n'est pas un sport qui m'envoûtait comme spectateur. Si je suis venu ici ce soir, c'est pour l'ambiance. Le baseball, quand il y avait seulement 3000 personnes, ne m'intéressait pas non plus. Mais quand on m'a dit qu'il y aurait beaucoup de monde, je me suis dit que j'allais vivre une belle soirée.»

Il y avait également quelques chandails verts dans les gradins, portés par des gens venus encourager le Santos Laguna. C'était notamment le cas de Fernanda Flores et Tzitzijanick Giron, deux jeunes femmes installées à Montréal depuis quelques années seulement qui étaient accompagnées par Alek Avendano, qui a grandi au Québec.

Avendano a commencé à assister à des matchs de l'Impact l'an dernier, à l'occasion de l'ouverture du stade Saputo. Ses deux compagnes, elles, n'avaient jamais vu le onze montréalais à l'oeuvre.

«Parce que l'Impact n'a rien», a dit Flores.

«Ça va finir 3-0 pour l'équipe mexicaine», a lancé Giron.

«Mais je suis ouverte à revenir voir l'Impact si l'équipe joue bien, de façon organisée», a ajouté Flores.

Avendano croyait lui aussi que l'Impact avait peu à offrir, jusqu'à ce qu'il décide d'aller au match du championnat canadien Nutrilite contre le Toronto FC, l'an dernier.

«Au début, je n'étais pas impressionné, j'avais l'impression qu'il y avait juste le hockey qui comptait à Montréal, a-t-il expliqué. Mais j'ai vu que l'équipe présentait du bon jeu, que les Ultras mettaient de l'ambiance dans le stade, alors j'ai changé d'idée.»

Ils ont sans doute été plusieurs autres à changer d'idée eux aussi, mercredi.