Meurtri par des blessures à répétition depuis deux ans et demi, Patrick Vieira a pour la première fois exprimé son «ras-le-bol» et envisage désormais sérieusement de faire ses adieux à l'équipe de France si ses pépins physiques continuent de le handicaper.

Deux mois après les déclarations alarmistes de Willy Sagnol, victime des mêmes maux et qui avait évoqué un possible arrêt de sa carrière en fin de saison, c'est cette fois le capitaine et leader des Bleus qui semble prêt à tirer un trait définitif sur son aventure internationale.

«Il est certain que si mes blessures venaient à persister, il faudra que je prenne une décision. Sûrement d'arrêter l'équipe de France», a ainsi déclaré, dans un entretien paru jeudi dans L'Equipe, le joueur de l'Inter Milan qui n'a plus rejoué depuis le 22 novembre en raison d'une blessure à un tendon d'Achille.

«Peut-être aussi parce que je ressens un ras-le-bol des blessures à répétition, a-t-il poursuivi. Je ne me revois pas rejouer cinq ou six matches, revenir en sélection puis m'arrêter à nouveau deux ou trois mois sur blessure... Si un tel scénario se reproduit, cela me briserait le coeur mais je tirerai un trait sur la sélection.»

Litanie de blessures

Une sortie médiatique qui fait l'effet d'une bombe venant d'un pilier des Bleus et le dernier rescapé, avec Henry, de la génération des champions du monde et d'Europe en 1998 et 2000. Mais l'homme aux 106 capes en équipe de France a été trop souvent sur le flanc depuis la finale du Mondial 2006 pour que l'éventualité de sa retraite internationale ne soit plus une surprise.

L'inflammation du tendon d'Achille dont souffre le milieu défensif de l'Inter Milan n'est que la dernière d'une longue liste de blessures. En deux ans et demi, Vieira n'a ainsi pris part qu'à douze matches des Bleus sur les 32 disputés par les hommes de Raymond Domenech.

Sa blessure à la cuisse gauche, qui l'avait empêché de jouer la moindre rencontre à l'Euro-2008, avait déjà constitué une alerte sérieuse même si Vieira avait toujours clamé son désir de poursuivre sa carrière en équipe de France, avec en point de mire, pour ce natif de Dakar, la première Coupe du monde disputée sur le sol africain en 2010 (en Afrique du Sud).

Mais la litanie des blessures s'est poursuivie en 2008-2009, au grand dam de José Mourinho, pour qui l'encadrement des Bleus, coupable d'avoir convoqué le joueur le 19 novembre contre l'Uruguay, est responsable de sa rechute. Depuis le début de la saison, Vieira n'a participé qu'à douze rencontres (10 en championnat et 2 en Ligue des Champions) pour un total de 759 minutes de jeu.

Impatience

A 32 ans et après 15 ans de professionnalisme, son corps ne semble plus supporter les cadences infernales du calendrier mais le joueur est également victime de son impatience.

«C'est mon gros défaut, a-t-il avoué à L'Equipe. La dernière fois, j'avais déclaré que je prendrais le temps de revenir, que j'avais compris la leçon. En fait cela n'a servi à rien.»

Même si l'équipe de France a appris à se passer de son capitaine ces derniers mois, Raymond Domenech caressait pourtant toujours, dimanche sur TF1, l'espoir de récupérer son capitaine alors que les Bleus doivent disputer deux rencontres décisives contre la Lituanie dans la course au Mondial-2010 (le 28 mars et le 1er avril).

«Il a du poids, il a du vécu, une expérience qui peuvent apporter beaucoup à l'équipe de de France. Avec Patrick, on s'appelle, on se contacte, je suis comme lui dans l'attente de son retour, mais on a le temps», avait indiqué le sélectionneur dimanche sur TF1. Le doute est aujourd'hui permis.