Après avoir entretenu le suspense depuis le début de la semaine, Alex Harvey n'a pas eu à réfléchir longtemps à l'opportunité de participer à la dernière étape du Tour de ski, dimanche. Ses skis ont décidé pour lui.

Incapable de se faire justice, Harvey a terminé loin derrière lors de l'avant-dernière étape, dimanche, un 15 km classique avec départ groupé dans le Val di Fiemme, en Italie. Éjecté du peloton avant même la fin du premier des six tours, il s'est « battu jusqu'à la ligne » pour finir 34e, à plus de 2 minutes du gagnant-surprise, l'Allemand Tim Tscharnke. Ce dernier s'est imposé par un souffle sur le Kazakh Alexey Poltoranin.

« Les résultats sont vraiment décevants pour toute l'équipe, c'est certain », a convenu Harvey au téléphone après l'épreuve. « Je vais parler de ce qui allait: je me sentais vraiment bien, j'avais vraiment de bonnes jambes, une bonne forme, mais ça prend plus que ça pour avoir une bonne course. »

Probablement échaudé par les critiques essuyées aux Jeux olympiques de Sotchi, le fondeur de 26 ans a évité le sujet de l'équipement, sinon pour raconter que dès la première descente, après 500 mètres, il est « passé du 6e rang au 25e ». La température très douce a visiblement embêté les techniciens canadiens.

« Ce n'était pas plaisant [samedi] », a expliqué l'Albertain Ivan Babikov, 40e, dans un communiqué de ski de fond Canada. « Parfois, les skis ne fonctionnent pas quand il fait 16 °C dehors. » Son compatriote Devon Kershaw a fini tout juste derrière, à 3 min 39 s du vainqueur.

Torn-Arne Hetland, nouvel entraîneur dans l'équipe canadienne, a évoqué le même problème. « Malheureusement, les skis auraient pu être meilleurs [samedi], a concédé le Norvégien. Les conditions étaient ardues et il a été difficile de garder le rythme avec les autres dès le départ. Nous allons nous réunir et discuter de ce qui s'est passé. »

Au classement général, Harvey a été le grand perdant de la journée, passant de la 6e à la 16e place. Parmi les 10 premiers, le Suédois Daniel Richardsson (28e de l'étape) est le seul à avoir cédé plus de 30 secondes.

« On oublie cette course-là, c'est tout ce qu'on peut faire », a philosophé le Québécois, qui était monté sur le podium à cette épreuve en 2012 et 2013. « Ça fait partie du jeu. Plusieurs éléments doivent être là [pour que ça se passe bien]. [Samedi], il manquait quelques affaires. »

Le Norvégien Petter Northug, 21e de l'étape, a gardé le maillot rouge de meneur grâce aux 27 secondes de bonification arrachées lors des deux sprints intermédiaires. Son avance a cependant fondu à trois secondes sur son compatriote Martin Johnsrud Sundby, éventuel vainqueur du Tour.

Trop loin au classement, Harvey n'a pas vu l'opportunité de prendre le départ de la dernière étape pour la première fois depuis 2012. Un problème de circulation dans les artères iliaques le dissuade de s'élancer dans l'épreuve emblématique du Tour de ski, qui se conclut au beau milieu d'une station de ski alpin.

Néanmoins satisfait

Même s'il occupait la quatrième position à pareille date l'an dernier, Harvey s'est déclaré satisfait de ce sixième Tour, qu'il juge nettement plus relevé que celui de 2014. Il est monté sur son premier podium de la saison, terminant deuxième sur d'excellents skis dimanche à Oberstdorf, et a pris le sixième rang de la poursuite de Toblach, jeudi.

« Je venais ici pour les résultats d'étape », a rappelé celui qui pointe huitième au classement de la Coupe du monde. « J'ai eu deux très bonnes journées. Une troisième, ça aurait été encore mieux, mais je tire un bilan positif [du Tour]. J'ai eu de bonnes réponses au niveau de la forme. Il n'y a pas une journée où je ne me sentais pas fort. »

Comme prévu, Harvey fera l'impasse sur la Coupe du monde d'Otepää, en Estonie, la semaine prochaine, pour se régénérer à Seefeld, en Autriche. Il reprendra l'action à Rybinsk, en Russie, du 23 au 25 janvier.

Comme en 2011

En discutant des plans d'entraînement d'ici les Championnats du monde de Falun (18 février-1er mars), Alex Harvey et son entraîneur Louis Bouchard ont constaté que le scénario ressemble à celui menant aux Mondiaux 2011 d'Oslo, où le fondeur s'était révélé avec une médaille d'or en sprint par équipes avec Devon Kershaw. « Il y a plus d'espace que l'année olympique, c'est ça qui est intéressant », s'est réjoui Bouchard, qui rejoindra son poulain après la Coupe du monde de Rybinsk. « On a 20 jours pour se préparer, pour faire un autre travail important. » Le duo passera deux semaines en altitude partagées entre Livigno, dans les Alpes, et Seiser Alm, dans les Dolomites. Oui, il y a pire.