Après avoir réussi le meilleur Tour de ski de sa vie, et à trois semaines des Jeux olympiques de Sotchi, Alex Harvey continue sa montée en puissance.

Le fondeur de 25 ans a remporté samedi le sprint libre de Szklarska Poreba, en Pologne, sa première victoire officielle dans une étape régulière du circuit de la Coupe du monde.

«Je suis super fier», a réagi Harvey quelques minutes après la fin de la compétition. «Mes deux autres victoires, c'était plus dans une course par étapes. À mes yeux, ça reste des Coupes du monde, mais là, c'est vraiment la première sur une Coupe du monde régulière. Je suis vraiment content.»

L'athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges avait fini premier du prologue de 4,5 kilomètres du Tour de ski, le 28 décembre en Allemagne, et premier du 3,3 km du minitour de Falun, en Suède, qui concluait la saison 2012. Ces deux épreuves font partie du circuit de la Coupe du monde, mais la Fédération internationale de ski ne les considère pas comme des étapes distinctes.

Au-delà de ces considérations sémantiques, Harvey était surtout heureux d'obtenir un premier succès dans un sprint individuel. Qualifié septième, il a dû user de stratégie et faire preuve d'agilité sur un parcours polonais très court, mais rapide, sinueux et qui n'offrait aucun instant de répit.

Après une victoire aisée en quart de finale, le Québécois a dû manoeuvrer habilement pour éviter un rival qui avait trébuché devant lui au début de la demi-finale. Le dernier virage lui a aussi donné chaud quand le champion mondial, le Russe Nikita Kriukov, a failli le percuter en tombant.

Harvey l'a évité de justesse avant de rallier l'arrivée au quatrième rang. Il a dû attendre la deuxième vague pour obtenir la confirmation de son repêchage pour la finale grâce à son temps.

La multiplication des chutes, qui a entre autres causé la perte des Russes, et l'accélération du parcours ont convaincu Harvey de courir à l'avant en finale.

«Ça a commencé à refroidir un peu et ça devenait de plus en plus dangereux et glacé à chaque virage», a expliqué le médaillé de bronze aux Mondiaux. «En avant, c'est toi qui aspires les autres. Mais quand je regardais sur la ligne de départ, c'étaient tous des sprinters purs. Je savais que rendus en finale, ils commenceraient à faiblir. Moi, la machine faisait juste démarrer. Je n'étais pas trop inquiet de mener.»

Deuxième derrière le Français Baptiste Gros, Harvey a pris la tête de façon définitive à l'entrée du stade, juste avant une enfilade de virages. Profitant de skis visiblement ultrarapides, il a franchi la ligne avec une avance confortable d'une demi-seconde sur l'Allemand Josef Wenzl, qui semblait s'en vouloir. Gros a pris le troisième rang, devant son compatriote Cyril Gaillard.

«Je savais que j'avais de super skis, a dit Harvey. En plus, je me donnais toujours une petite ouverture avec le gars devant moi avant le sommet. Ça me permettait de pousser vraiment fort et de passer en faisant le sling shot

En théorie, ce type de parcours de 1,5 km et moins de trois minutes ne devait pas favoriser Harvey. «C'est court, sauf qu'il faut travailler du début à la fin, a précisé le gagnant. Même dans la section de descente, il fallait utiliser tes jambes un peu comme en patinage de vitesse longue piste. Il fallait pousser pendant deux minutes cinquante, trois minutes. Ça demande un effort constant et ça pouvait me convenir un peu plus.»

Éliminé en quart de finale, l'Ontarien Devon Kershaw (18e) s'était imposé au même endroit deux ans plus tôt, un autre indice qu'un fondeur polyvalent pouvait s'illustrer.

L'absence en Pologne des Norvégiens, Suédois et Finlandais, occupés par leur championnat national respectif, ne diminuait en rien le plaisir d'Harvey, pour qui les Russes sont les véritables leaders de la spécialité. «S'ils ne sont pas là, tant pis. Une victoire, c'est une victoire», a-t-il dit.

Peut-être encore plus important, ces quatre rondes solides confirment à Harvey une forme exceptionnelle au sortir du Tour de ski, qui s'est conclu deux semaines plus tôt. «C'est bon, j'ai bien récupéré du Tour, qu'on utilisait comme une surcharge d'entraînement. Ça a quand même été 10 jours intenses sur le plan physique, mais aussi mental. Tu ne sais jamais comment le corps va rebondir. C'est tout du positif.»

L'épreuve de 15 km classique (départ groupé) programmée dimanche offrira aussi d'autres indices importants en prévision des JO de Sotchi.