Au sein de l'équipe canadienne, ils en parlent depuis l'été dernier. Le relais 4 X 10 kilomètres est une épreuve phare en ski de fond. La mesure ultime de la profondeur d'une nation. Si la Norvège est l'immense favorite, et la Suède un peu derrière, le Canada a des ambitions légitimes de monter sur le podium, demain, aux Championnats du monde de Val di Fiemme. Avec la Russie, la Finlande, l'Allemagne, la République tchèque, le Kazakhstan...

Le Canada a fini cinquième aux Mondiaux de 2009 et septième aux derniers Jeux olympiques de Vancouver. «C'est vraiment la meilleure chance qu'on n'a jamais eue», estime l'entraîneur Louis Bouchard, en entrevue téléphonique de l'Italie. Voici l'ordre probable des partants demain (départ 7 h 30, HNE) et un commentaire de l'entraîneur-chef Justin Wadsworth pour chacune des portions.



1 PREMIER RELAIS

Len Valjas (classique)

Son émergence la saison dernière a permis au Canada de commencer à rêver à un podium au relais. Sprinter naturel, le Torontois de 24 ans a monté sur le podium à deux reprises dans des épreuves de distance, la dernière fois en janvier au Tour de ski, justement en classique sur le parcours de Val di Fiemme. Il affichait une forme exceptionnelle avant d'être atteint par un streptocoque à la gorge à une semaine du début des Mondiaux. «Il a récupéré, a indiqué son entraîneur Louis Bouchard. Il a fait un bon entraînement avec des intensités [hier]. Ça devrait bien aller.» L'oeil de l'entraîneur-chef Justin Wadsworth: «Il devra garder son calme sous la pression, ce à quoi il est généralement bon. Il devra s'ajuster à tout ce qui peut arriver. Par exemple, s'il a de mauvais skis, il ne devra pas s'en faire avec lui, mais penser au collectif et continuer à pousser.»

PHOTO MIKE RIDGEWOOD, ARCHIVES PC

Le Torontois Len Valjas.

2 DEUXIÈME RELAIS

Devon Kershaw (classique)

Ironiquement, celui qui était numéro deux au monde l'hiver dernier est peut-être le point d'interrogation de ce relais. Malgré une belle prestation au relais sprint, il n'a pas enregistré un seul résultat probant dans une épreuve de distance cette saison. Bien que ce ne soit pas sa tasse de thé, il a pris le 33e rang du 15 km style libre, hier. Rien pour l'encourager. «Il était furieux», a confirmé son ami Alex Harvey. «Mais le 10 km classique, c'est comme sa meilleure distance. Ça reste une valeur sûre.» Justin Wadsworth: «Même s'il n'a pas eu une bonne course [mercredi], il est l'un des meilleurs skieurs au monde en classique, en particulier dans les relais. Si le premier relais est parfois un jeu du chat et de la souris, le deuxième relais est crucial. Plusieurs équipes mettent leur meilleur spécialiste, comme Dario Cologna pour la Suisse.»

PHOTO FOURNIE PAR NORDICFOCUS

Devon Kershaw

3 TROISIÈME RELAIS

Ivan Babikov (style libre)

Fondeur canadien le plus régulier depuis le début de l'année, il a lui aussi été ralenti par un streptocoque à la gorge avant les Mondiaux. Sa fantastique quatrième place au 15 km libre d'hier, un record pour un Canadien, a effacé tous les doutes. Celui que ses coéquipiers surnomment le «Bulldog» s'exprime le mieux sur les parcours accidentés comme celui de Val di Fiemme. Justin Wadsworth: «Au troisième relais, ce sont généralement des gars qui n'ont pas nécessairement un bon sprint, mais qui sont très forts au style libre. C'est là que les équipes essaient de durcir la course.»

PHOTO PIERRE TEYSSOT, AFP

Ivan Babikov

4 QUATRIÈME RELAIS

Alex Harvey (classique)

Médaillé de bronze du relais individuel, 13e du skiathlon et quatrième du relais sprint: sa forme n'est plus à prouver. Si le Canada est dans le groupe de tête ou à 15-20 secondes quand il recevra le relais, les chances de podium seront excellentes. «Idéalement, je voudrais être troisième avant la dernière descente vers le stade, a-t-il analysé. C'est vraiment le meilleur rang. Il n'y aura pas autant de circulation que pendant le skiathlon. Ce sera une bonne occasion pour m'exercer à être plus combatif avant le 50 km...» Justin Wadsworth: «Généralement, ça se regarde plus dans le dernier relais. Avec Alex, on a un gars qui peut tout faire: aller vite jusqu'à la ligne et encore avoir un sprint pour finir. C'est la situation parfaite.»

PHOTO PIERRE TEYSSOT, AFP

Alex Harvey