L'exclusion de Dasha Gaïazova de l'équipe canadienne de ski de fond, au printemps 2011, n'annonçait rien de bon pour la suite de sa carrière. En conflit avec l'entraîneur-chef, la fondeuse d'origine russe avait dû se débrouiller par ses propres moyens. Dans les circonstances, l'annonce de sa retraite n'aurait pas été surprenante.

«J'aime ce que je fais... et je suis quand même une personne très têtue!», a lancé Gaïazova, un sourire dans la voix, lors d'une interview téléphonique depuis la République tchèque, dimanche.

La veille, l'athlète de 29 ans a décroché le meilleur résultat individuel de sa carrière en Coupe du monde*, la quatrième place d'un sprint classique, à un souffle du podium, comme en a témoigné la photo d'arrivée pour départager les places de 2 à 4.

Le dernier surpris de cette percée de Gaïazova est son nouvel entraîneur, Louis Bouchard. Quand il l'a invitée à se joindre au Centre national d'entraînement Pierre-Harvey, au printemps, il connaissait son potentiel. Il l'avait dirigée dix ans plus tôt au Mont-Sainte-Anne, un peu avant qu'elle ne s'installe à Canmore pour répondre aux exigences de l'équipe canadienne.

«Il ne faut pas se le cacher, ses relations étaient très compliquées à Canmore», souligne Bouchard, qui pilote aussi Alex Harvey et Len Valjas.

Utiliser sa grandeur

Gaïazova pose des questions et n'accepte pas de se soumettre béatement à un plan d'entraînement générique destiné à toute l'équipe, relève l'entraîneur. «Honnêtement, je n'ai aucun problème avec elle. Ce n'est pas une athlète compliquée. Il faut juste apprendre qu'on est tous des êtres humains et qu'on a tous des points forts et des points faibles. Il faut respecter ça.»

Bouchard voyait surtout une athlète au «talent physiologique fantastique» qui, à près de 5'11, est l'une des plus grandes sur le circuit, sinon la plus grande. Seulement, sa technique ne lui rendait pas justice: «Parfois, elle pouvait skier comme quelqu'un de 5'7. Là, on utilise pleinement sa grandeur.»

Avec l'aide des spécialistes de B2Dix, une structure privée d'entraînement, Bouchard a aussi élaboré une préparation personnalisée axée sur les systèmes énergétiques spécifiques au sprint et à la vitesse d'exécution. «Je suis contente des résultats parce que c'était quand même un gros risque de faire ça», note Gaïazova, qui a immigré à Montréal avec sa famille à l'âge de 15 ans.

Autre changement majeur: la préparation mentale et la planification des stratégies de course. Gaïazova y voit le facteur principal de son succès à Liberec: «Il faut être capable de bien se placer dans une course, comme en vélo de route. Il y a un peu de drafting dans les descentes. Il faut être stratégique, utiliser ses forces, ses capacités d'accélération. Je n'étais pas capable de vraiment bien skier comme ça avant.»

Avec confiance

Après être montée sur deux podiums en Coupe continentale au début de l'année, Gaïazova aborde la suite de la saison avec confiance. Elle cible les Coupes du monde de Sotchi (du 1er au 3 février), dans son pays d'origine, et de Davos (16-17 février), avant les Championnats du monde de Val di Fiemme (du 20 février au 3 mars), où le sprint individuel sera disputé en style classique, sa spécialité.

«On croit vraiment qu'elle peut être régulièrement dans le top 10», prédit Louis Bouchard, qui ambitionne aussi de découvrir «ses possibilités» sur de plus grandes distances, à commencer par le 10 km classique de la Coupe du monde de La Clusaz, samedi, où «elle peut surprendre» et se glisser parmi les 20 premières.

* En décembre 2010, elle a fini troisième d'un sprint par équipe avec Chandra Crawford.