Après avoir touché le fond à la Coupe du monde de Canmore le mois dernier, Alex Harvey a refait le plein de confiance et d'énergie au Tour de ski, qui s'est conclu hier à Val di Fiemme, en Italie, avec le sacre attendu du Russe Alexander Legkov.

Au lendemain d'un podium partagé avec son coéquipier Len Valjas, Harvey, 12e au classement général après les six premières étapes de la compétition, a comme prévu fait l'impasse sur cette ultime épreuve, qui se terminait par une montée brutale de 3,7 kilomètres à l'Alpe Cermis, une station de ski alpin. Le fondeur québécois s'est senti incapable de se faire justice sur une pente dont l'inclinaison atteint près de 30 degrés. L'an dernier, Harvey avait dégringolé du 6e au 12e rang au classement général lors de cette épreuve. Au printemps, quatre médecins lui ont confirmé qu'une limitation anatomique, causant un problème d'irrigation sanguine, ne lui laissait pas grand espoir de s'illustrer dans cet exercice particulier.

Sur la ligne de touche, Harvey était cependant mieux placé que quiconque pour apprécier la prestation de son coéquipier Ivan Babikov, qui a bondi de la 17e à la 7e place du classement général final. Quatrième l'an dernier, Devon Kershaw a sauvé une semaine difficile en remontant jusqu'au 12e rang.

Valjas, «un phénomène»

Révélation du Tour avec deux podiums, Valjas, un géant de plus 2 mètres, s'est bien tiré d'affaire en finissant au 23e échelon. Troisième du sprint du Nouvel An à Val Müstair, le Torontois de 24 ans a définitivement confirmé qu'il était plus qu'un sprinter en finissant deuxième du 15 km classique de Val di Fiemme, samedi, tout juste devant Harvey.

Ce dernier ne cache pas son admiration pour son partenaire d'entraînement au centre national Pierre Harvey, à Mont-Sainte-Anne.

«C'est un phénomène!» a lancé l'athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges, joint au téléphone. «Il me surprend chaque jour. Il récupère super bien entre les courses et il est capable de faire quelque chose de spécial, presque inattendu, incroyable. Bonne ou mauvaise course, il ne se laisse pas affecter. Il est vraiment relax. C'est impressionnant à voir.»

Pour Louis Bouchard, entraîneur des deux athlètes, le double podium de samedi était trop beau pour être vrai. «Je ne croyais pas ça possible. Alors, je n'y rêvais même pas», a commenté Bouchard, qui accompagne l'équipe féminine en Allemagne. «Lenny et Alex sur le podium, c'est incroyable, je n'en reviens pas!»

Mêler les cartes

L'émergence de Valjas élargit les possibilités de l'équipe canadienne pour les Mondiaux, qui s'ouvriront le 20 février sur ce même parcours de Val di Fiemme. Si la course était disputée demain, Valjas serait certainement appelé à remplacer Kershaw pour le sprint par équipes, dont ce dernier est champion en titre avec Harvey.

«Les options restent ouvertes», a analysé Harvey, qui s'attend cependant à voir rebondir son ami Kershaw au cours des prochaines semaines: «L'an dernier, il a gagné deux Coupes du monde d'affilée en février. Quand ça va débloquer, ce ne sera pas beau à voir pour les autres.»

Harvey nourrit le même espoir pour lui-même. Après son retrait à Canmore et un arrêt complet de trois jours - «des mesures assez draconiennes» - il a retrouvé sa touche au Tour de ski, «l'un de (ses) meilleurs» à vie avec ce podium, mais aussi deux sixièmes places et une cinquième.

«J'en ressors moins amoché que l'an dernier, a souligné le fondeur de 24 ans. Je suis très content. Ce que je voulais, c'était revenir dans la game, et c'est ce que j'ai fait depuis le début du Tour.»

Après quelques jours de vacances à Nice, Harvey reprendra le collier à Praz de Lys, en Haute-Savoie, pour un stage en altitude qui lancera sa préparation pour les Mondiaux, son grand objectif cette saison. Il retrouvera le circuit de la Coupe du monde à La Clusaz, les 19 et 20 janvier, avant de mettre le cap sur la Russie pour l'importante épreuve préolympique de Sotchi, du 1er au 3 février.