La Norvégienne Marit Bjoergen, dominante en Coupe du monde au cours des dernières années, mais qui avait lamentablement failli à la tâche aux Jeux de Turin après avoir survolé les championnats du monde d'Obertsdorf en 2005, a repris sa place au haut de la hiérarchie du ski de fond féminin. Vendredi, sous un soleil de plomb, la skieuse de Trondheim a fait un pied de nez à toutes ses adversaires et a enlevé avec une facilité déconcertante la poursuite de 15 km aux Jeux de Vancouver.

Elle a franchi la distance en 39 minutes, 58,1 secondes.

Partie de la sixième place, Bjoergen, qui avait déjà gagné le sprint individuel et qui avait mérité le bronze au 10 km style libre, s'est maintenue dans le peloton de tête pendant toute la portion classique de l'épreuve, se pointant au deuxième rang dans la zone de transition derrière la Finlandaise Aino-Kaisa Saarinen.

Mais la nouvelle reine consacrée a rapidement pris les choses en main dans la deuxième partie de l'épreuve.

Elle s'est bien bagarrée avec la Suédoise Anna Haag, médaillée d'argent, et avec la Polonaise Justyna Kowalczyk, meneuse de la Coupe du monde, pendant quelques kilomètres. Elle s'est détachée au 12e kilomètre et sa seule menace est venue de sa compatriote Christin Stoermer Steira, éternelle quatrième, qui a attaqué au même moment, mais qui n'a pu larguer les deux autres.

Steira a été finalement écartée du podium suite à l'utilisation d'un photo-finish, alors que le tableau indicateur l'avait d'abord donnée troisième.

Bjoergen, qui a avoué qu'il s'agissait sans doute de sa dernière chance aux Jeux olympiques, a mentionné qu'elle était très heureuse d'avoir pris la décision de disputer moins d'épreuves pour se consacrer à l'entraînement après une autre déconfiture aux mondiaux de Liberec en République tchèque l'an dernier.

Elle est la première fondeuse norvégienne à remporter deux médailles d'or au cours des mêmes Jeux. Même la grande Bente Martinsen-Skari n'y était jamais parvenue.

«Ce ne fut pas facile de décider de ne pas prendre part au Tour de ski cette année, a dit Bjoergen. Mais je suis très heureuse de l'avoir fait. Après Liberec, je savais que je devais changer bien des choses dans ma préparation si je voulais revenir au sommet. Nous avons tout revu et décidé d'éviter bien des Coupes du monde pour me consacrer à l'entraînement.»

C'était sans doute la chose à faire. Elle mentionne qu'elle va maintenant s'amuser d'ici la fin des Jeux.

«En fait, je venais ici avec l'intention de gagner une médaille. Quand j'ai gagné l'or au sprint, c'était mission accomplie et je me suis dit que je pouvais alors me permettre de m'amuser. J'ai travaillé fort aujourd'hui, mais je me suis fait plaisir aussi. Surtout à un kilomètre de l'arrivée quand j'ai su que j'avais 20 secondes d'avance.»

Elle l'a finalement emporté par 8,9 secondes quand elle a levé le pied en fin de course.

Haag en était à sa première médaille olympique, alors que Kowalczyk glanait sa deuxième breloque des Jeux.

«On se croyait au printemps, j'ai bien aimé», a dit Haag.

Kowalczyk a dit que l'attente lui a semblé interminable pendant qu'on décidait si elle avait devancé ou pas Steira à l'arrivée.

«Habituellement j'ai beaucoup d'énergie et je fais mieux dans le sprint final. Ce n'était pas le cas aujourd'hui. Une chance que j'ai de grandes jambes. Mais j'a perdu trop de terrain en deuxième portion de parcours.»

Victoire pour Renner

On ne l'attendait pas certes parmi les meneuses, mais la Canadienne Sara Renner, la grande dame de Canmore qui fait à Vancouver ses derniers tours de piste, en a mis plein la vue.

Le sprint pour les places d'honneur a été certes excitant, mais quelques secondes plus tard celui pour les 10e, 11e et 12e places a fait bondir les spectateurs de leur siège.

Renner s'est présentée à 100 mètres de l'arrivée en jouant du coude à coude avec deux sprinteuses spéciales du style libre, l'Allemande Evi Sachenbacher-Stehle et la Russe Olga Savialova.

Elles étaient nez-à-nez à la ligne d'arrivée. Elles ont toutes allongé la jambe en chutant au sol. Quand Renner s'est relevée, elle a compris que c'est elle qui avait remporté cette course.

«Je suis très satisfaite, a dit Renner, médaillée d'argent des sprints par équipe à Turin. Je me sentais en grande forme et j'avais d'excellents skis.

«J'ai tout donné, mais je dois vous dire que cette 10e place, ce sont les spectateurs qui l'ont gagnée pour moi. Ce sont eux qui m'ont poussée vers la ligne d'arrivée. Eux, ils méritent la médaille d'or.

«Je me sens bien. Je sais que les choses vont aller à merveille pour le reste des Jeux.»

Chez les autres Canadiennes, Dasha Gaiazova a terminé au 47e rang. Elle aurait aimé faire beaucoup mieux pour mériter une place dans le sprint par équipe.

«Ce sera à l'entraîneur de décider. C'est ça la vie. Je me sentais bien avant la course et j'avais de bons skis. J'ai perdu du terrain en style libre.»

Madeleine Williams, partie 54e, a pris le 41e rang à 4 minutes, 13, 1 secondes de la tête, et Periane Jones, à sa première expérience olympique, a terminé 57e.