On le disait aussi prometteur que son ami Erik Guay, avec qui il a grandi sur les pentes du mont Tremblant. Il est passé près de la consécration à quelques reprises, mais les blessures ont trop souvent freiné son élan.

Julien Cousineau n'a pas moins laissé sa marque au cours de ses 17 saisons dans l'équipe canadienne de ski alpin, dont les 13 dernières sur le circuit de la Coupe du monde. Incapable de retrouver la forme qui lui avait permis de frôler les podiums il y a quatre ou cinq ans, ce gentleman-slalomeur se retire à l'âge de 34 ans.

«Malheureusement, mes genoux ont eu le meilleur de moi au bout du compte!», a résumé Cousineau au téléphone hier midi.

À pareille date l'an dernier, l'athlète originaire de Lachute sortait de sa cinquième opération majeure à un genou. En froid avec sa fédération après un processus de sélection olympique qu'il trouvait injuste, il songeait déjà à se retirer. Mais il a avalé la pilule sans faire de bruit.

Avec la bénédiction de sa femme, enceinte de leur deuxième enfant, il a décidé de poursuivre pour une autre saison, persuadé qu'il en avait encore à donner. Après s'être entraîné tout l'été par ses propres moyens, il a réussi un début prometteur avec une 16e place au slalom d'ouverture de Levi, en novembre.

Malheureusement, rien n'a fonctionné par la suite. Une autre blessure à un genou, subie au début de l'année en Croatie, a éteint ses derniers espoirs. «Je n'arrivais plus à pousser comme j'en étais capable en début de saison, a-t-il expliqué. Ça ne m'intéressait plus de le faire à moitié.»

Le 27 janvier, il savait que la Coupe du monde de Schladming, où il avait connu la joie d'une cinquième place devant ses parents un soir de 2010, serait sa dernière. «Je n'ai pas la force de repasser à travers tout ça, le financement. Ça ne me tente pas. Je suis rendu un peu au bout.»

«Je me suis réconcilié»

Cousineau est serein et «confortable» avec sa décision. Malgré les écueils, le dernier hiver a été un baume. «L'équipe nationale a été correcte avec moi. Je suis content d'avoir pu finir ma carrière sur une bonne note. Surtout, je suis bien mentalement, pas mal plus que l'année passée. Je me suis réconcilié avec le sport cette année.»

Son rôle de père de famille change aussi les priorités. À l'arrière-plan, Thomas-Gabriel, son bébé de six mois, babille en attendant sa prochaine bouchée de purée de légumes.

Cousineau a suivi les traces de son père Alain, membre de l'équipe canadienne dans les années 70. Le technicien a fini sept fois parmi les 10 premiers en Coupe du monde. Entre deux opérations, il a connu ses plus beaux moments aux Jeux olympiques de Vancouver (8e) et aux Championnats du monde de Garmisch-Partenkirchen de 2011, où il a raté le podium de peu (5e).

«D'un côté, je suis fier de n'avoir jamais lâché, d'avoir toujours continué à me battre, a souligné le champion national 2011. Mais c'est plate. Je sens que je n'ai pas atteint mon plein potentiel. Ça fait aussi partie du sport.»

Avant de peut-être se lancer dans le coaching, dont il a déjà tâté, Cousineau tirera son dernier coup de chapeau samedi dans le cadre des championnats canadiens au mont Sainte-Anne. Les applaudissements seront mérités.

En bref

Spécialité: slalom

109 départs en Coupe du monde

5e à Schladming en 2010

5e à Val-d'Isère en 2010

1 départ aux Jeux olympiques

8e à Vancouver en 2010

départs aux Championnats du monde

5e à Garmisch-Partenkirchen en 2011

titre national de slalom en 2011