Valérie Grenier a grandi avec des skis aux pieds. L'été, elle faisait du ski nautique sur le lac Loch Garry, à quelques kilomètres de sa résidence de Saint-Isodore, dans l'est de l'Ontario. L'hiver, elle dévalait les pentes du mont Tremblant, où sa famille possède un condo.

Sur l'eau ou sur la neige, la Franco-Ontarienne a «toujours adoré aller vite». Ça tombe bien, l'équipe canadienne de ski alpin recherche activement des candidates pour relancer son programme de vitesse féminin, qui ne s'est pas remis des retraites successives d'Emily Brydon, Britt Janyk et Kelly VanderBeek.

À 18 ans, Grenier est déjà l'une des meilleures skieuses canadiennes. Elle revendique sept résultats parmi les dix premières en autant de départs aux championnats nationaux, dont trois quatrièmes places. Son brio lui a valu une invitation de l'équipe canadienne de développement en 2013.

Super-G et descente

Excellente dans les quatre disciplines, elle se distingue par son goût pour le super-G et la descente, spécialités qu'elle a perfectionnées lors de stages d'intersaison en Suisse, en Nouvelle-Zélande et en Autriche.

Les entraîneurs n'ont pas hésité à lui donner un premier départ en Coupe du monde, le 7 décembre, lors du super-G de Lake Louise. Un peu impressionnée de prime abord de côtoyer les Tina Maze, Lara Gut et Lindsey Vonn, la jeune skieuse a épaté en terminant 32e après s'être élancée avec le dossard 56.

«Je n'avais vraiment aucune attente pour cette course parce que je n'avais jamais fait de Coupe du monde», souligne Grenier, qui a néanmoins eu «peur d'arriver en bas et d'être dans les dernières».

Heureuse de cette première sortie dans le cirque blanc, elle regrettait seulement d'avoir raté l'occasion d'inscrire ses premiers points par deux dixièmes. «Je ne m'inquiète pas trop avec ça parce que c'était quand même un bon résultat», reprend-elle, agréablement surprise d'avoir reçu les félicitations de Vonn dans l'aire d'arrivée. «Elle a toujours été mon idole. J'étais vraiment contente qu'elle me dise ça, qu'elle ait reconnu mon résultat, ma course, ce que j'ai fait.»

Au téléphone depuis la Colombie-Britannique, une semaine plus tard, Grenier s'excuse de ne pas être à l'heure au rendez-vous. Une cérémonie protocolaire l'a retardée. Elle venait de remporter sa première course sur le circuit de développement Nor-Am, un super-G.

«Ça me fait juste en vouloir plus encore, dit-elle d'un ton contenu. Je vais continuer à donner mon meilleur et essayer de gagner toutes les autres courses. Ou en tout cas continuer avec des podiums.»

De l'ambition

La jeune skieuse a de l'ambition: elle vise au moins un podium dans chacune des quatre disciplines cet hiver en Nor-Am. Martin Durocher ne s'en étonne pas. Entraîneur-chef de l'équipe du Québec féminine, il a dirigé Grenier pendant une saison. Il se souvient d'une athlète déterminée et assurée.

«Je n'ai jamais vraiment vu la peur dans ses yeux, note Durocher. Sinon, elle la cache très bien! Elle est toujours calme et confiante chaque fois qu'elle se retrouve dans une nouvelle situation.»

À l'époque, Grenier partageait ses énergies entre le ski alpin et le ski nautique, un sport où elle excellait autant. À 15 ans, elle était championne canadienne junior. En saut, elle était la mieux classée au monde dans sa catégorie d'âge. «Mon meilleur, c'était 131 pieds, glisse-t-elle. C'est quand même un peu fou comme sport.»

Devant les exigences de l'entraînement à temps plein, elle a dû faire un choix. La décision a été déchirante, mais les chances de faire une longue carrière en ski étaient supérieures sur la neige, a-t-elle évalué. Le ski nautique la sert encore sur les plans technique et psychologique: «C'est bon pour la peur. Je n'avais vraiment pas peur.»

Durocher l'a vite constaté lorsque Grenier a commencé le super-G et la descente. «Le risque ou la vitesse ne la gèlent pas, c'est certain, relève l'entraîneur. Sa force est qu'elle est capable d'exécuter [les éléments techniques] à haute vitesse, quand beaucoup de filles vont se poser la question, vont arrêter de traiter l'information à cause de la vitesse ou du terrain.»

La représentante du club de Mont-Tremblant en est bien consciente. «Il y a des filles qui arrivent là-dedans et on dirait presque qu'elles ne veulent pas aller vite, remarque-t-elle. Ça peut être épeurant, il y a des sauts, tout ça. Moi, j'ai toujours adoré aller vite.»

Quelques jours après l'entrevue, Valérie Grenier a reçu la confirmation de sa participation à sa deuxième Coupe du monde, les 24 et 25 janvier, à Saint-Moritz, où elle pourra continuer à filer comme le vent.