Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'Erik Guay est parti à Toronto mercredi pour participer à une annonce de l'équipe olympique canadienne. Ce faisant, il a raté le cinquième anniversaire de sa fille aînée, qu'il ne reverra pas avant la mi-février, à son retour de Sotchi.

L'événement était avant tout destiné à accroître la visibilité des commanditaires du Comité olympique canadien (COC), qui ne sont pas les mêmes que les siens. Exclusivité oblige, le skieur de Mont-Tremblant ne pouvait donc pas les afficher.

Mais le COC tenait à sa présence et ça se comprend. Guay sera la tête d'affiche incontestée de l'équipe de ski alpin à Sotchi. Le 21 décembre, il a filé vers la quatrième victoire de sa carrière, en s'imposant de façon spectaculaire à Val Gardena. En terminant troisième une semaine plus tard à Bormio, il est devenu le skieur canadien le plus décoré de tous les temps avec son 21e podium, surpassant Steve Podborski, qui sera le chef de mission du Canada en Russie.

L'ex-Crazy Canuck est aussi l'un des deux seuls médaillés masculins canadiens aux JO (bronze en descente, à Lake Placid, en 1980). Guay voudra l'imiter, mais il a d'autres chats à fouetter d'ici là. « L'idée est de ne pas trop penser aux Jeux olympiques. J'ai beaucoup de travail à faire entre-temps », a-t-il souligné plus tôt cette semaine avant de s'envoler pour la Suisse, où il participe à trois jours d'entraînement avec l'équipe de France.

La suite sera critique, avec la succession des trois classiques du ski alpin, à commencer par la Coupe du monde de Wengen samedi prochain, où il a fini quatrième l'an dernier, son meilleur résultat à vie sur la mythique Lauberhorn. Suivront le non moins mythique week-end du Hahnenkamm, à Kitzbühel (25 janvier), où il est vice-champion, et la Coupe du monde de Garmisch-Partenkirchen (1er février), sa station porte-bonheur où il a conquis le titre mondial en 2011.

« Ce sont des courses qui valent vraiment cher, rappelle Guay. À mes yeux, ça vaut presque les Jeux. Je sais que tout le monde est en train de penser aux Jeux, qu'il y a comme une effervescence. Mais moi, en tant que skieur, je sais que Wengen et Kitzbühel, ce sont de «vraies» courses, qui sont là année après année. Si on gagne Kitzbühel surtout, on est le meilleur au monde. C'est pour ça que les prochaines courses sont de grands objectifs. Après, ce sera le temps de commencer à penser aux Jeux olympiques. »

Simplicité

Le skieur de 32 ans n'a jamais abordé les classiques dans un tel état de plénitude. En fait, son niveau de confiance est inégalé. Il ne se compare même pas à sa série faste de 2007, où il était monté sur le podium cinq fois en moins de deux mois. À l'époque, il n'affichait pas la même régularité lors des entraînements chronométrés.

« Peut-être pour la première fois de ma carrière, je sais vraiment pourquoi je suis si vite », a déclaré Guay le mois dernier. De la part d'un tel perfectionniste et d'un maniaque de l'analyse et de la préparation, la phrase est lourde de sens.

« Quand j'ai eu des victoires ou de bons moments dans le passé, je ne dirais pas que c'était de la chance, mais je ne savais pas exactement ce que je faisais, explique-t-il. Là, j'ai vraiment l'impression que je comprends mon ski. »

L'apport de son frère cadet Stefan, qui le suit comme une ombre sur les pentes et décortique les vidéos avec lui, est indéniable. Membre de l'équipe d'entraîneurs, il lui a fourni des astuces techniques... qu'Erik préfère garder secrètes, car il se méfie de la concurrence. « Je fais de la descente et je n'ai pas à penser à 1000 choses, résume-t-il. Je trouve que c'est ça, le ski. Ça ne devrait pas être forcé. Ça devrait rester simple. »

Guay a également fait beaucoup de chemin sur le plan de l'approche psychologique, une facette qui, admet-il, lui faisait défaut. « J'ai toujours cru que je l'apprendrais en cours de route. Depuis un an et demi, j'ai commencé à vraiment m'y mettre, et ça a payé. J'ai vu l'application tout de suite en montant sur mes skis. Ç'a été comme une révélation. C'est emballant. »

De quoi rêver à une médaille olympique, mais pas avant la cérémonie d'ouverture.

> RÉSULTATS À LA DESCENTE DE WENGEN

2013 : 4e

2012 : 8e

2011 : absent (blessé)

2010 : 18e

2009 : n'a pas terminé

2008 : 31e

2007 : 18e

2006 : 20e

2005 : 28e

> RÉSULTATS À LA DESCENTE DE KITZBÜHEL

2013 : 2e

2012 : 11e

2011 : 16e

2010 : 14e

2009 : 15e

2008 : 9e

2007 : annulée

2006 : 5e