La descente masculine, épreuve reine des Championnats du monde de ski alpin de Schladming, continue de nourrir la controverse.

La décision d'amputer la dernière section du deuxième et dernier entraînement chronométré, vendredi matin, a généré frustration et confusion chez les skieurs et les équipes.

Erik Guay, le tenant du titre, ne s'est pas gêné pour critiquer l'organisation après avoir enregistré le 10e temps de cette manche raccourcie, un classement dont il ne faisait pas grand cas en l'absence de cette dernière section, la plus technique.

«Je pense que ça se jouera dans le dernier pitch, a jugé Guay. Que tu sois à quelques dixièmes du leader aujourd'hui, ça ne veut pas dire grand-chose. C'est drôle parce que ce sont les championnats du monde. D'habitude, c'est une coche au-dessus. On dirait qu'ici, l'organisation, c'est super mauvais.»

Les skieurs et les équipes n'ont su que jeudi matin, à quelques heures du premier entraînement, qu'ils n'auraient qu'une seule chance de parcourir la descente complète de haut en bas.

Les organisateurs ont fait valoir l'impossibilité de tenir un deuxième entraînement intégral en raison de la présentation de la manche de slalom du super-combiné féminin, qui se terminait dans la même aire d'arrivée.

Pour Max Gartner, président de Canada Alpin, cette explication est «inacceptable». Il a fait valoir son mécontentement à la FIS, la fédération internationale, lors de la réunion des capitaines, jeudi soir.

«Ce n'est pas la météo qui a provoqué cette situation, mais la façon dont le calendrier a été fait, a-t-il fait valoir vendredi matin. Avec une descente si difficile, ça ne fait absolument aucun sens d'avoir une seule descente d'entraînement de haut en bas.»

Devant le mécontentement généralisé, la FIS a choisi de tenir une manche ultime d'entraînement le samedi matin avant la course, seulement sur le dernier secteur. Après avoir reconnu les trois premiers quarts de la piste, les coureurs enfileront leur uniforme de vitesse pour s'élancer à partir de l'aire de départ du slalom géant.

«C'est hyper bizarre, a réagi Erik Guay. Je n'ai jamais vu ça avant. Ce n'est pas dangereux, mais c'est le chaos un peu. Ton linge va être partout, ce ne seront pas tes skis de course que tu prendras en bas. Ça va être un peu n'importe quoi.»

Selon plusieurs, cette situation favorisera les skieurs autrichiens, qui ont eu l'occasion de s'entraîner à plusieurs reprises sur la Planai, un nouveau parcours que les autres nations découvrent. Une seule Coupe du monde y a été présentée, lors des finales l'an dernier.

«Tu essaies toujours de tirer avantage de courir à domicile, a convenu Max Gartner, un Autrichien d'origine. C'est normal. On l'a fait à Vancouver (pour les Jeux olympiques). Tout le monde le fait. Mais ce n'est pas correct de ne pas donner aux autres équipes l'occasion d'avoir l'entraînement adéquat.»

Guay préfère penser à autre chose. «Tous les athlètes sont dans la même situation, a rappelé le skieur de 31 ans. On trouve tous que c'est de valeur qu'on ne puisse pas rouler jusqu'en bas. C'est la vie. Faut passer à autre chose. C'est comme ça et demain, c'est la course.»

S'il n'a pu skier la dernière section vendredi, il a néanmoins été en mesure de constater que la surface avait encore durcie en raison du temps froid durant la nuit. Il envisage donc de changer de type de skis pour la course.

À ses yeux, les cinq dernières portes détermineront l'identité du vainqueur : «Ça va être celui qui va avoir le plus de courage dans le bas, qui va prendre les risques nécessaires et que ça va passer.»

Par ailleurs, Guay a confirmé qu'il s'était fait mal au dos et aux genoux à l'atterrissage d'un gros saut, jeudi. Il en ressentait encore les contrecoups et a préféré jouer de prudence vendredi, se relevant un peu à l'approche du saut.