Ne vous laissez pas berner par les complaintes des skieurs à propos des conditions de neige. L'hiver par ici est magnifique. Surtout quand le soleil sort enfin de sa cachette. En m'étirant le cou, je vois ses derniers reflets sur les cimes enneigées, de l'autre côté de la vallée.

Mon hôtel est situé au milieu de nulle part, sur une étroite route de montagne, entre deux pensions et une fermette qui distille sa douce odeur de fumier. Droit devant, l'imposant glacier Dachstein, qui culmine à 2995 mètres. Alex Harvey va s'y entraîner l'été.

Comme mon dos m'interdit de skier, la patronne de l'hôtel, en robe tyrolienne, m'envoie sur un chemin de montagne damé exprès pour la marche. On le prend juste là, derrière la vieille grange en moellons, où le bois est cordé au millimètre.

Après 25 minutes à m'extasier sur le paysage, me voilà devant la Sattelberg-Hütte, un chalet en bois à l'orée d'une forêt de conifères. De la terrasse, on distingue parfaitement chaque virage de la piste des Mondiaux, sur l'autre versant à Planai. Jumelles et verre à la main, ils étaient une vingtaine à suivre la course de ce matin, me dit un monsieur qui ferme la place.

En redescendant, je croise une carriole et quelques fondeurs sur le chemin du retour. Le temps est juste assez frais, la neige crisse sous mes pieds. Ça change de l'hiver calamiteux qu'on subit à Montréal.