Erik Guay est venu bien près d'ajouter son nom à la légende de Kitzbühel, mais deux erreurs l'ont repoussé à la cinquième place du super-G remporté par le Norvégien Aksel Lund Svindal, vendredi.

Même s'il égalait ainsi le meilleur classement de sa carrière sur la Streif, le skieur de Mont-Tremblant contenait mal sa frustration encore deux heures après la fin de la course.

«Je ne suis pas tellement satisfait de ma journée, a tranché Guay au téléphone. Des quatrièmes et cinquièmes places, ça commence à me taper sur les nerfs un peu.»

Troisième au moment de franchir la ligne, le Québécois de 31 ans a été repoussé hors du podium par l'impérial Svindal, auteur de la 20e victoire de sa carrière, sa première à Kitzbühel. Le jeune Autrichien Matthias Mayer, 22 ans, a ravi ses partisans avec une deuxième place, son premier podium en Coupe du monde.

Guay a respectivement cédé sept dixièmes de seconde à Svindal et trois dixièmes à l'Italien Christof Innerhofer, troisième. Sans avoir vu les bandes vidéo, il savait exactement où ces précieuses fractions de seconde s'étaient envolées: en début de parcours, où il a attaqué une porte trop directement, et dans le schuss final, alors qu'il filait à 131,30 km/h, la vitesse la plus élevée enregistrée dans la journée.

«J'allais tellement vite que je me suis fait déporter sur le dernier saut et je me suis retrouvé dans la neige molle avant la ligne», a-t-il analysé.

La première erreur était plus choquante.

À l'image d'Hermann Maier ou de Didier Cuche, Guay est l'un des skieurs les plus tatillons lorsque vient le temps de reconnaître un parcours. Chaque porte compte et la moindre variation de la surface n'échappe pas à son attention. Cet exercice matinal est capital, surtout en super-G, où les coureurs n'ont pas le luxe d'entraînements préalables comme en descente.

Fort de ces informations, Guay visualise le parcours encore et encore avant de remonter vers le départ. Ces précieuses données sont bonifiées par un rapport de course des entraîneurs, qui peuvent apprécier la trajectoire empruntée par les premiers partants.

Ainsi, avant de s'élancer avec son dossard 14 vendredi, Guay s'est fait conseiller une trajectoire plus directe avant la porte du haut. Il s'est conformé, mais mal lui en prit puisqu'il a été repoussé trop bas dans le virage suivant.

«Des fois, tu es mieux d'avoir une idée en tête, de la garder et de te commettre à 100% à ton inspection, a-t-il regretté. C'est ce que j'aurais dû faire aujourd'hui: me faire confiance. Normalement, je suis assez bon dans les inspections. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. On dirait que ça m'ôte un peu de confiance quand j'entends des rapports de course au lieu de me fier totalement à ma reconnaissance.»

Il en veut pour preuve son approche du fameux saut Hausbergkante, sous l'arche Red Bull, qui catapulte les skieurs dans le long dévers avant l'arrivée.

À la reconnaissance, un entraîneur norvégien, avec qui les Canadiens collaborent, lui a suggéré une trajectoire ronde et une position vers l'arrière. Mais après discussions avec Stefan, son entraîneur de frère, Guay a choisi l'approche plus agressive. «Je suis pas mal sûr que j'ai gagné cette section-là», se félicitait-il.

À la traîne depuis le début de l'hiver, le reste de l'équipe canadienne a connu une journée relativement encourageante en Autriche. Le vétéran Jan Hudec, qui skie sur un genou, a pris le 15e échelon, tandis que Manuel Osborne-Paradis, parti avec le dossard 48, s'est hissé au 22e rang. Le prometteur Benjamin Thomsen (28e) a fini dans les points et l'ancien champion du monde de descente John Kucera (34e) regagne tranquillement forme et confiance.

Pour Guay, ancien gagnant du globe de la spécialité (2010), cette cinquième place est son meilleur résultat en super-G depuis son podium à Val Gardena en décembre 2010. Surtout, elle le met en confiance avant la descente de samedi.

S'il peut résoudre la délicate section du «carrousel», qui l'a ennuyé toute la semaine, le podium est une possibilité bien réelle: «À un moment donné, les quatrièmes et les cinquièmes places, il faut que ça finisse...»