L'équipe canadienne de ski alpin a réalisé un coup fumant à la Coupe du monde de Chamonix, en remportant la descente et en plaçant ses trois partants parmi les cinq premiers, samedi. Jan Hudec a mené la charge, suivi par Erik Guay, troisième, et Benjamin Thomsen, cinquième.

Guay a comparé ce coup de force sur le mont Blanc au match historique de huit points de Sam Gagner, des Oilers d'Edmonton, plus tôt cette semaine.

« Trois Canadiens dans les cinq premiers, en Europe, sur leur parcours, c'est vraiment quelque chose de spécial. Ça se ressemble pas mal », a souligné Guay, en téléconférence, lorsqu'invité à mettre l'exploit collectif en perspective pour le public canadien.

Ralenti par des blessures depuis des années, Jan Hudec a démontré pourquoi il est considéré comme l'un des plus talentueux coureurs sur le circuit en s'imposant par 53 centièmes sur l'Autrichien Romed Baumann. La veille, sur le même parcours, l'Albertain de 30 ans avait fini sixième à 17 centièmes de la victoire.

Ému, Hudec a placé ses mains sur son casque dans l'aire d'arrivée en réalisant qu'il avait sans doute signé sa deuxième victoire en plus de quatre ans. « Aujourd'hui, c'est une combinaison de 10 ans de haut et de bas dramatiques. Ça a été très dur. Difficile de le décrire en seulement quelques mots », a confié celui qui a surmonté des maux de dos, une fracture à une main et sept opérations aux genoux.

« C'est presque comme un nouveau début pour moi, a indiqué Hudec. Didier Cuche a 37 ans et il domine depuis le début de la saison. J'essaie de le rattraper. Si je peux rester en santé, je prévois skier encore cinq ou six ans. »

Un tel tir groupé de l'équipe masculine canadienne ne s'était pas vu depuis 1994. Ed Podivinski, Cary Mullen et Ralf Socher s'étaient respectivement classés premier, deuxième et cinquième à Saalbach, en Autriche, dans le cadre d'une descente « sprint » disputée en deux manches.

Les Autrichiens et les Suisses ont déjà obtenu de meilleurs résultats collectifs, mais avec une dizaine de coureurs au départ, a rappelé Hudec : « On avait seulement trois gars dans la course. Notre budget a diminué après les Jeux olympiques. On a dû se serrer la ceinture et faire des sacrifices un peu partout à l'entraînement. Aujourd'hui, on a jeté tout le monde par terre. Tout le monde sur la montagne était impressionné, emballé pour nous, ou les deux. C'est incroyable ce qu'on a réussi. On l'a fait contre vents et marées. »

Parti avec le dossard 20, Guay a pris la tête avant de se faire déloger par Baumann, son compagnon d'infortune de la veille alors que les deux avaient fini à égalité au quatrième rang, à huit centièmes de la première place.

« C'était un peu frustrant et j'ai essayé de pousser encore plus », a indiqué Guay, qui a cédé 63 centièmes à Hudec. « Je suis content de me retrouver sur le podium avec Jan. »

Le champion du monde de la spécialité n'a rien changé à son approche, conservant le même équipement et préférant se fier à son instinct. « Il ne faut pas trop analyser les statistiques, les vidéos et les choses comme ça. Il faut plutôt y aller avec ses sensations », a expliqué celui qui a fait le plein de confiance en finissant deuxième à Garmisch-Partenkirchen une semaine plus tôt. « Aujourd'hui, j'ai essayé de rester relax. Je savais que ça allait se gagner dans les sections plates du bas. J'ai essayé de ne pas commettre d'erreurs parce que sur un parcours comme celui-là, ça coûte très cher. »

La cinquième place de Thomsen est presque aussi impressionnante que le triomphe de son compatriote Hudec. Le Britanno-Colombien de 24 ans était le 50e à s'élancer sur la mythique piste Verte des Houches. Ce retour de l'arrière est peu commun en Coupe du monde. « Je suis un peu en état de choc, ça ne m'a pas encore frappé. Je ne sais pas quoi dire », a indiqué Thomsen, qui devait retourner sur le circuit de développement Nor-Am s'il ne se replaçait pas après un lent début de saison.

Thomsen avait déjà donné un aperçu de sa belle forme avec sa 11e place de la veille, un résultat qui l'avait laissé sur son appétit. « Tout le monde me félicitait aujourd'hui, a-t-il raconté. Je me disais, 11e, c'est bien, mais tout le monde peut le faire. Je devais le faire une autre fois. Je voulais donc tout donner. »